Cette fragilité très maîtrisée caractérise tout l’art photographique de Jean-François Spricigo qui ne montre, ni ne capture ses objets, mais les fait surgir dans une durée précaire. Au prix d’un accueil humble et endurant. Dans l’écrin de silence luxueux que réclame la dignité de chaque existence érigée au rang d’événement de la nature, de petit miracle de l’Être.
Qu’il s’agisse d’une chouette immobile, d’un écureuil bondissant, d’une ronde de canards – a fortiori de chats ou de chiens saisis dans leur solitude – jamais nous n’avons davantage ressenti, pour familiers qu’ils soient, à quel point ces créatures sont autres, appartiennent à un monde séparé, un monde étranger dont nous ne pouvons qu’envier la beauté farouche, la noblesse, et plus encore l’innocence.
Car sur la ligne de crête d’une apparition que semble aussitôt menacer sa propre disparition, l’oeil qui opère ici ne se projette pas au dehors mais s’introjecte l’altérité radicale de chaque animal pour la recueillir dans un vacillement quasi fantomatique, à ce point diamanté où le plus ordinaire devient inquiétant, le plus banal étranger, le plus intime inconnu. On y aura reconnu une déclinaison très sensible de cette « inquiétante étrangeté » chère à Freud, soit un refoulement de la représentation laissant libre cours à une affectivité transformée en angoisse. A cette différence près que l’impressionnisme intemporel de Jean-François Spricigo la désamorce par une douceur, une délicatesse qui s’appelle aussi la grâce.
Cécile Guilbert, 2015
Qu’il s’agisse d’une chouette immobile, d’un écureuil bondissant, d’une ronde de canards – a fortiori de chats ou de chiens saisis dans leur solitude – jamais nous n’avons davantage ressenti, pour familiers qu’ils soient, à quel point ces créatures sont autres, appartiennent à un monde séparé, un monde étranger dont nous ne pouvons qu’envier la beauté farouche, la noblesse, et plus encore l’innocence.
Car sur la ligne de crête d’une apparition que semble aussitôt menacer sa propre disparition, l’oeil qui opère ici ne se projette pas au dehors mais s’introjecte l’altérité radicale de chaque animal pour la recueillir dans un vacillement quasi fantomatique, à ce point diamanté où le plus ordinaire devient inquiétant, le plus banal étranger, le plus intime inconnu. On y aura reconnu une déclinaison très sensible de cette « inquiétante étrangeté » chère à Freud, soit un refoulement de la représentation laissant libre cours à une affectivité transformée en angoisse. A cette différence près que l’impressionnisme intemporel de Jean-François Spricigo la désamorce par une douceur, une délicatesse qui s’appelle aussi la grâce.
Cécile Guilbert, 2015
Pratique
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11 rue de la Calade
13200 Arles
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