Jean Clottes. Homo spiritualis artifex
La caverne du Pont d'Arc
Ce qui distingue l’Homme (Homo) des autres espèces animales, ce n’est pas la sagesse (sapientia, d’où sapiens), mais la spiritualité,
c’est-à-dire la capacité et la volonté d’aller au-delà de soi-même et des simples nécessités de la survie pour poser sur le monde un regard interrogatif et interprétatif.
Homo spiritualis nous conviendrait donc bien mieux… Pour nous distinguer des Néandertaliens, qui avaient une spiritualité eux aussi mais pas d’art reconnu, on pourrait nous ajouter artifex.
Que l’art soit le propre de notre espèce est une évidence. Pendant les temps glaciaires, les représentations laissées dans les grottes ou les abris, plus ou moins codifiées, permettaient le contact avec la réalité surnaturelle des croyances tribales. De nos jours, c’est l’artiste, avec sa personnalité propre, qui interprète le monde et le restitue, le recrée à sa façon, toujours nouvelle, toujours différente, suscitant une empathie plus ou moins forte chez les spectateurs que nous sommes.
c’est-à-dire la capacité et la volonté d’aller au-delà de soi-même et des simples nécessités de la survie pour poser sur le monde un regard interrogatif et interprétatif.
Homo spiritualis nous conviendrait donc bien mieux… Pour nous distinguer des Néandertaliens, qui avaient une spiritualité eux aussi mais pas d’art reconnu, on pourrait nous ajouter artifex.
Que l’art soit le propre de notre espèce est une évidence. Pendant les temps glaciaires, les représentations laissées dans les grottes ou les abris, plus ou moins codifiées, permettaient le contact avec la réalité surnaturelle des croyances tribales. De nos jours, c’est l’artiste, avec sa personnalité propre, qui interprète le monde et le restitue, le recrée à sa façon, toujours nouvelle, toujours différente, suscitant une empathie plus ou moins forte chez les spectateurs que nous sommes.
Gilles Tosello. Restituer les merveilles de l'art des origines
Membre de l’équipe de recherche dans la grotte Chauvet, artiste de métier, je suis intervenu dans la Caverne du Pont d’Arc à double titre.
Pour un chercheur, il est exceptionnel de se trouver dans la situation d’avoir à reproduire minutieusement l’objet de son étude.
Pour un plasticien, retrouver les gestes, les nuances ou les textures, c’est aussi remonter le temps pour se rapprocher des «ancêtres», les artistes aurignaciens.
Il est d’autant plus facile de copier une fresque qu’on en possède une connaissance approfondie, que l’on a compris les manières
de faire de l’auteur. Voir apparaître peu à peu les peintures dans l’atelier a aussi soulevé des interrogations, apporté des réponses,
ouvert des perspectives inédites. Ainsi, la réplique des grands panneaux a été menée dans l’ordre chronologique d’exécution des compositions originales en tentant de suivre les séquences gestuelles de l’artiste préhistorique, ou de s’en approcher au plus près. Gestes obligatoirement liés au support particulier des parois. Les acquis de la recherche dans la grotte ont conduit à repérer et à anticiper les difficultés de réalisation des dessins en atelier. D’une certaine façon, la restitution des panneaux a permis de passer de la théorie à la pratique.
Pour un chercheur, il est exceptionnel de se trouver dans la situation d’avoir à reproduire minutieusement l’objet de son étude.
Pour un plasticien, retrouver les gestes, les nuances ou les textures, c’est aussi remonter le temps pour se rapprocher des «ancêtres», les artistes aurignaciens.
Il est d’autant plus facile de copier une fresque qu’on en possède une connaissance approfondie, que l’on a compris les manières
de faire de l’auteur. Voir apparaître peu à peu les peintures dans l’atelier a aussi soulevé des interrogations, apporté des réponses,
ouvert des perspectives inédites. Ainsi, la réplique des grands panneaux a été menée dans l’ordre chronologique d’exécution des compositions originales en tentant de suivre les séquences gestuelles de l’artiste préhistorique, ou de s’en approcher au plus près. Gestes obligatoirement liés au support particulier des parois. Les acquis de la recherche dans la grotte ont conduit à repérer et à anticiper les difficultés de réalisation des dessins en atelier. D’une certaine façon, la restitution des panneaux a permis de passer de la théorie à la pratique.
Informations pratiques
L’exposition ORIGIN est présentée du 18 décembre 2016 au 30 juin 2017.
Caverne du Pont d’Arc
Plateau du Razal
07150 Vallon Pont d’Arc
04 75 94 39 40
www.cavernedupontdarc.fr
Horaires de l'exposition
18 décembre - 25 décembre 11h > 18h
26 décembre - 1er janvier 11h > 19h
2 janvier - 3 février 13h > 17h
4 février - 5 mars 11h > 19h
6 mars - 7 avril 11h > 12h30 - 13h30 > 18h
8 avril - 1er mai 11h > 20h
2 mai - 30 juin 11h > 19h30
Caverne du Pont d’Arc
Plateau du Razal
07150 Vallon Pont d’Arc
04 75 94 39 40
www.cavernedupontdarc.fr
Horaires de l'exposition
18 décembre - 25 décembre 11h > 18h
26 décembre - 1er janvier 11h > 19h
2 janvier - 3 février 13h > 17h
4 février - 5 mars 11h > 19h
6 mars - 7 avril 11h > 12h30 - 13h30 > 18h
8 avril - 1er mai 11h > 20h
2 mai - 30 juin 11h > 19h30
Pierre Riba : Vers l’« Essentiel »
Le travail de Pierre Riba est tout entier tendu vers la recherche de ce qu’il appelle un « essentiel », et qui pourrait aussi s’appeler raison profonde ou nécessité originelle.
La sobriété des formes est le résultat d’une condensation de la pensée sensible pour aller vers cet « essentiel », c’est-à-dire pour atteindre la plus haute intensité de son expression en ce point extrême où vont pouvoir fusionner toutes les forces vitales, pour arracher l’esprit de la matière.
Cette condensation se fait par sédimentation stratifiée de carton comme le font les couches géologiques et comme le font les piles de haut voltage. Les formes simples se chargent alors de la puissance et la sagesse muette des œuvres de l’art primitif, des dolmens, des fossiles, des outils usés des paysans, des pierres polies par le torrent, des chaos granitiques, des cascades naturelles. Cette sagesse et cette puissance apaisantes, sont celles de tous les objets qui ont accumulé au cours du temps une fantastique et mystérieuse énergie à la fois humaine et tellurique.
Pierre Souchaud
La sobriété des formes est le résultat d’une condensation de la pensée sensible pour aller vers cet « essentiel », c’est-à-dire pour atteindre la plus haute intensité de son expression en ce point extrême où vont pouvoir fusionner toutes les forces vitales, pour arracher l’esprit de la matière.
Cette condensation se fait par sédimentation stratifiée de carton comme le font les couches géologiques et comme le font les piles de haut voltage. Les formes simples se chargent alors de la puissance et la sagesse muette des œuvres de l’art primitif, des dolmens, des fossiles, des outils usés des paysans, des pierres polies par le torrent, des chaos granitiques, des cascades naturelles. Cette sagesse et cette puissance apaisantes, sont celles de tous les objets qui ont accumulé au cours du temps une fantastique et mystérieuse énergie à la fois humaine et tellurique.
Pierre Souchaud
Mélanie Nitting, Les plis du temps
Les sculptures de Mélanie Nitting réalisées par pliures de draps anciens, chargés d’histoire et porteurs des marques de la vie passée, sont des invitations à voyager dans le temps de nos mémoires, à la recherche de nos origines.
Ces pliages d’étoffe vont au-delà de la simple virtuosité technique. Ils sont comme des gestes rituels réalisés dans un état de recueillement sur soi, permettant de renouer avec sa propre nature instinctive et de partager une même émotion.
Ces pliages d’étoffe vont au-delà de la simple virtuosité technique. Ils sont comme des gestes rituels réalisés dans un état de recueillement sur soi, permettant de renouer avec sa propre nature instinctive et de partager une même émotion.
André Le Mauff. Révéler le réel
« Je ne reproduis pas le réel, je le révèle » dit André Le Mauff… mais pour révéler ce réel, il faut d’abord le regarder et surtout avoir cette disponibilité du regard qui permet de le voir, de le saisir, et enfin, de le fixer sur la photographie…
Et André Le Mauff a l’œil qui convient pour cela, vif, libre, sauvage, vigilant, ouvert et suffisamment éveillé pour déceler immédiatement parmi les milliers de propositions visuelles offertes par la vue permanente des menues choses de ce monde, celle,
furtive, d’un réel plus profond. Celui d’un pan de réalité qui devient objet de fascination pour le photographe, parce qu’il est le lieu d’une heureuse rencontre aléatoire entre des éléments visuels porteurs de pouvoirs d’évocation et d’expression dans des registres certes très différents, mais de la rencontre desquels jaillit miraculeusement une évidence première.
Cette mystérieuse évidence propre à la peinture abstraite, parce qu’elle est sans objet figuré et, grâce à cela, révélatrice d’une autre réalité, qui est celle justement de cette fabuleuse aptitude que possède l’œil humain à donner du sens et de la beauté à ce qu’il voit.
Et André Le Mauff a l’œil qui convient pour cela, vif, libre, sauvage, vigilant, ouvert et suffisamment éveillé pour déceler immédiatement parmi les milliers de propositions visuelles offertes par la vue permanente des menues choses de ce monde, celle,
furtive, d’un réel plus profond. Celui d’un pan de réalité qui devient objet de fascination pour le photographe, parce qu’il est le lieu d’une heureuse rencontre aléatoire entre des éléments visuels porteurs de pouvoirs d’évocation et d’expression dans des registres certes très différents, mais de la rencontre desquels jaillit miraculeusement une évidence première.
Cette mystérieuse évidence propre à la peinture abstraite, parce qu’elle est sans objet figuré et, grâce à cela, révélatrice d’une autre réalité, qui est celle justement de cette fabuleuse aptitude que possède l’œil humain à donner du sens et de la beauté à ce qu’il voit.
Isabelle Leclerc. Vénus, maternité, fécondité
Isabelle Leclercq a intitulé une de ses récentes oeuvres « origine du monde », car il est vrai que sa création évoque une beauté qui tient de l’innocence et de la pureté originelle. Une harmonie première qui précède le passage du temps, mais que le travail de celui-ci restitue dans ses jeux entre l’inerte et le vivant. Ce sont, dans l’ordre du minéral, les formes nées de longs processus géologiques de concrétion, de sédimentation ou d’érosion. Et puis, dans l’ordre du vivant, ce sont « les rides d’un visage, les cernes du tronc d’un arbre coupé, les stries de croissance d’une huître ou d’un coquillage »
Alors Isabelle Leclercq restitue par l’épreuve du feu, à partir de « ces rubans de terre qui sont aussi rubans de temps » dit-elle, ces longs processus d’apparition de formes à l’évidente et fascinante beauté, parce que s’y conjuguent miraculeusement le biologique, le sensuel et le spirituel dans une apaisante et mystérieuse intemporalité.
Alors Isabelle Leclercq restitue par l’épreuve du feu, à partir de « ces rubans de terre qui sont aussi rubans de temps » dit-elle, ces longs processus d’apparition de formes à l’évidente et fascinante beauté, parce que s’y conjuguent miraculeusement le biologique, le sensuel et le spirituel dans une apaisante et mystérieuse intemporalité.
Bénédicte Vallet. Délicates concrétions du temps
Le pouvoir de fascination des délicates porcelaines de Bénédicte Vallet, vient sans doute de ce qu’elles sollicitent une mémoire archaïque du monde en évoquant ce passage du minéral à l’organique. On y voit comme l’apparition de premières structures vivantes organisées et conscientes de l’être : efflorescences coralliennes, colonies de coquillages, invertébrés pélagiques aux formes extraordinaires mais viables, phénomènes de concrétion, de calcification, de sédimentation, de cristallisation d’ordre géologique…
Ce sont les objets précieux et fragiles, comme destinés à une une prière intime qui permettrait d’arrêter le temps afin que le regard et la pensée puissent s’y dissoudre paisiblement..
Ce sont les objets précieux et fragiles, comme destinés à une une prière intime qui permettrait d’arrêter le temps afin que le regard et la pensée puissent s’y dissoudre paisiblement..
Monique et Georges Stahl. Traversée de lumière
Le verre est, pour Georges et Monique Stahl, une matière surnaturelle et magique, captant et transfigurant la lumière et la pensée, permettant le dépassement, la traversée, le décillement du regard, l’ouverture de la conscience et la voie de la transcendance.
L’infini du ciel et de la mer, les nuages et les vagues toujours renouvelés sont là, dans des oeuvres aux transparences envoûtantes, qui incitent à la rêverie contemplative et à la communion spirituelle avec les beautés de la nature.
L’oeuvre présentée ici, « La porte des migrations », est une ode à cette harmonie naturelle qui lie l’envol du vivant aux éternelles puissances telluriques.
L’infini du ciel et de la mer, les nuages et les vagues toujours renouvelés sont là, dans des oeuvres aux transparences envoûtantes, qui incitent à la rêverie contemplative et à la communion spirituelle avec les beautés de la nature.
L’oeuvre présentée ici, « La porte des migrations », est une ode à cette harmonie naturelle qui lie l’envol du vivant aux éternelles puissances telluriques.
Alexandrine Guérin. Traces d'humanité
La puissante signification du temps lié à un lieu et à un moment, rattachant à ce qui s’est passé auparavant, l’espace et la mémoire que nous laissons par notre absence.
Dépaysement du paysage, utopie du cheminement à l’écoute de la matière, formes apparemment arrêtées du minéral, détecter une métamorphose permanente. Enfin, l’immobilisation paraît propice à une plongée dans la matière. Chaque sculpture est toujours à la limite de l’échec.
Une longue pratique avec la matière mais également avec la mémoire. Pendant 30 années les problématiques des phénomènes de sédentarisation des tribus m’ont tenues en haleine, en parcourant un certain nombre de territoires mais surtout en nomadisant avec les tribus dans les divers déserts du Proche et Moyen-Orient jusqu’au Golfe Arabo-persique puis la découverte de l’Asie. Toujours ce leitmotiv incessant : l’argile / l’homme, sa trace dans la terre cuite que nous découvrons, des siècles plus tard, que peut-on se permettre d’interpréter de ces vies. Ce sont ces pratiques traditionnelles récoltées que j’ai interprétées aidée par mes multiples carnets d’enquêtes, de croquis, de dessins à l’encre de chine
Dépaysement du paysage, utopie du cheminement à l’écoute de la matière, formes apparemment arrêtées du minéral, détecter une métamorphose permanente. Enfin, l’immobilisation paraît propice à une plongée dans la matière. Chaque sculpture est toujours à la limite de l’échec.
Une longue pratique avec la matière mais également avec la mémoire. Pendant 30 années les problématiques des phénomènes de sédentarisation des tribus m’ont tenues en haleine, en parcourant un certain nombre de territoires mais surtout en nomadisant avec les tribus dans les divers déserts du Proche et Moyen-Orient jusqu’au Golfe Arabo-persique puis la découverte de l’Asie. Toujours ce leitmotiv incessant : l’argile / l’homme, sa trace dans la terre cuite que nous découvrons, des siècles plus tard, que peut-on se permettre d’interpréter de ces vies. Ce sont ces pratiques traditionnelles récoltées que j’ai interprétées aidée par mes multiples carnets d’enquêtes, de croquis, de dessins à l’encre de chine
Pierre Souchaud. Un parchemin d'âme
La matière, subtilement travaillée, tient du parchemin d’âme, et de peau lointaine aux sombres plis indéfinis.
S’il y a paysage, vertical et abstrait, le corps profond en serait l’horizon caché. Sur fond de douces ténèbres, couleur de vieille terre et de boue intime, surgissent de claires fenêtres chromatiques, fines clartés qui ensemencent l’espace. Tout bouge, dans cette fine érotique d’univers. Pierre Souchaud a saisi l’instant magique d’un miracle spatial et humain, où les soubresauts de la chair secrète épouseraient les mouvements profonds de l’univers.
Une souterraine sensualité anime l’oeuvre tout entière.
Les espaces se pénètrent en picturale et secrète extase.
Coït cosmique, aux limites du tragique et de la volupté.
S’il y a paysage, vertical et abstrait, le corps profond en serait l’horizon caché. Sur fond de douces ténèbres, couleur de vieille terre et de boue intime, surgissent de claires fenêtres chromatiques, fines clartés qui ensemencent l’espace. Tout bouge, dans cette fine érotique d’univers. Pierre Souchaud a saisi l’instant magique d’un miracle spatial et humain, où les soubresauts de la chair secrète épouseraient les mouvements profonds de l’univers.
Une souterraine sensualité anime l’oeuvre tout entière.
Les espaces se pénètrent en picturale et secrète extase.
Coït cosmique, aux limites du tragique et de la volupté.
Paulette et Josef Ciesla. Renaître de ses cendres
Josef Ciesla est un artiste prométhéen, qui fait vie de toute matière, qui la sublime en signes symboliques comme l’ont fait avec les mots ses amis, magnifiques poètes comme Lionel Bourg et Andrée Chedid, et dont la puissance créatrice excède avec bonheur les limites convenues de l’art de ce temps.
Cette fabuleuse aptitude à transmuter la matière en substance vivante et poétique s’est manifestée très tôt, lorsque, jeune émigré polonais, il travailla dans une fabrique de tulles et dentelles de Lyon et y inventa très vite de nouveaux procédés de tissage et de teinture pour toutes sortes de fibres d’origine animale ou végétale.
Cette première période créative a déterminé sa prédilection pour la sculpture textile développée vingt ans plus tard en collaboration étroite avec Paulette son épouse ; de même pour de nombreux autres modes et supports d’expression qu’il mixte à l’infini.
L’oeuvre textile présentée ici, réalisée en 1980, intitulée « Embrûlure première », est très significative de la force d’inventivité plastique du couple formé par Paulette et Josef et de leur parfaite maîtrise des techniques utilisées… significative aussi de cette faculté qu’ils ont de pouvoir redonner vie à la matière inerte puisque cette oeuvre est née de l’observation fortuite de débris de bois calcinés en forêt et de leur étrange pouvoir de fascination visuelle, de symbolisation et d’envol de l’imaginaire… Ainsi, l’artiste a-t-il su faire renaître la vie…de ses cendres-mêmes.
Cette fabuleuse aptitude à transmuter la matière en substance vivante et poétique s’est manifestée très tôt, lorsque, jeune émigré polonais, il travailla dans une fabrique de tulles et dentelles de Lyon et y inventa très vite de nouveaux procédés de tissage et de teinture pour toutes sortes de fibres d’origine animale ou végétale.
Cette première période créative a déterminé sa prédilection pour la sculpture textile développée vingt ans plus tard en collaboration étroite avec Paulette son épouse ; de même pour de nombreux autres modes et supports d’expression qu’il mixte à l’infini.
L’oeuvre textile présentée ici, réalisée en 1980, intitulée « Embrûlure première », est très significative de la force d’inventivité plastique du couple formé par Paulette et Josef et de leur parfaite maîtrise des techniques utilisées… significative aussi de cette faculté qu’ils ont de pouvoir redonner vie à la matière inerte puisque cette oeuvre est née de l’observation fortuite de débris de bois calcinés en forêt et de leur étrange pouvoir de fascination visuelle, de symbolisation et d’envol de l’imaginaire… Ainsi, l’artiste a-t-il su faire renaître la vie…de ses cendres-mêmes.
Ghyslaine et Sylvain Staëlens. Un magmat d'émotion
Ghyslaine et Sylvain Staëlens (nés respectivement en 1960 à Montfermeil et en 1968 à Paris) sont un cas presque unique dans le monde des arts de couple fusionnel travaillant à quatre mains : en totale symbiose, avec une complicité digne de musiciens de jazz. Car « nous n’avons jamais cherché la sculpture », disent-ils aujourd’hui, « c’est la sculpture qui nous a trouvés. Notre rêve était de devenir musiciens. »
Épris l’un de l’autre depuis leur première rencontre, vivant ensemble depuis plus de trente ans, ils ont traversé d’abord une période difficile où ils avaient un emploi régulier, Ghyslaine dans l’informatique, Sylvain à la télévision. Mais la vie à Paris ne leur convenait pas et c’est pour échapper au piège mortel de la toxicomanie, qu’après divers voyages au Mexique et une période d’errance dans le Sud de la France, ils ont trouvé enfin leur planche de salut dans la création.
Avec frénésie, ils commencent alors à collecter toutes sortes de matériaux naturels,- lichens, pierres, bois – qu’ils assemblent pour en faire sortir les formes et les personnages visionnés dans leur texture. Leurs premières sculptures datent de 1995. Peu après ils s’installent à la campagne, dans un hameau isolé du Cantal, au pied des volcans. Une région dont la rudesse empreinte de christianisme et de magie primitive les inspire profondément.
Tout un bestiaire et tout un peuple de guerriers, de druides et de chasseurs, ou de cavaliers barbares chevauchant d’étranges créatures, va naître de cet environnement, avec de grands bas-reliefs, sablés de pigments rouges, figurant « le magma d’émotions » qui nous anime et qui, dans leur période antérieure, avait failli les emporter.
Épris l’un de l’autre depuis leur première rencontre, vivant ensemble depuis plus de trente ans, ils ont traversé d’abord une période difficile où ils avaient un emploi régulier, Ghyslaine dans l’informatique, Sylvain à la télévision. Mais la vie à Paris ne leur convenait pas et c’est pour échapper au piège mortel de la toxicomanie, qu’après divers voyages au Mexique et une période d’errance dans le Sud de la France, ils ont trouvé enfin leur planche de salut dans la création.
Avec frénésie, ils commencent alors à collecter toutes sortes de matériaux naturels,- lichens, pierres, bois – qu’ils assemblent pour en faire sortir les formes et les personnages visionnés dans leur texture. Leurs premières sculptures datent de 1995. Peu après ils s’installent à la campagne, dans un hameau isolé du Cantal, au pied des volcans. Une région dont la rudesse empreinte de christianisme et de magie primitive les inspire profondément.
Tout un bestiaire et tout un peuple de guerriers, de druides et de chasseurs, ou de cavaliers barbares chevauchant d’étranges créatures, va naître de cet environnement, avec de grands bas-reliefs, sablés de pigments rouges, figurant « le magma d’émotions » qui nous anime et qui, dans leur période antérieure, avait failli les emporter.
Dorothée Delornoir. Noires flamboyances
Dorothée Delornoir a eu, un jour, la révélation de la puissance d’expression du bitume, de la beauté du noir absolu de cette matière issue des profondeurs de la terre, dont la lourde opacité venue de lointaines périodes géologiques peut devenir, pour le peintre, la source de flamboyants jaillissements et de fabuleuses transparences.
« Rhizomique, inquiétante, opaque, fermée, scellant l’être dans sa propre prison, l’émotion amplifie ses ombres aux pouvoirs sensoriels enveloppants. La matière l’absorbe, perd sa teneur en se transmuant en des transparences subtiles.
Les figures suggèrent les impressions à la fois ignées et aquatiques. Une même tache fait coexister la douceur et le drame. Le noir décline ses multiples nuances, brûlures, cicatrices, calcinations, la tâche se dévore d’elle-même puis elle renaît car le langage de l’âme, n’a pas de contour » a écrit Ileana Cornea sur cette peinture issue de l’origine des temps.
« Rhizomique, inquiétante, opaque, fermée, scellant l’être dans sa propre prison, l’émotion amplifie ses ombres aux pouvoirs sensoriels enveloppants. La matière l’absorbe, perd sa teneur en se transmuant en des transparences subtiles.
Les figures suggèrent les impressions à la fois ignées et aquatiques. Une même tache fait coexister la douceur et le drame. Le noir décline ses multiples nuances, brûlures, cicatrices, calcinations, la tâche se dévore d’elle-même puis elle renaît car le langage de l’âme, n’a pas de contour » a écrit Ileana Cornea sur cette peinture issue de l’origine des temps.
Odile de Frayssinet. Matière lumière
La masse imposante des sculptures d’Odile de Frayssinet est là, devant vous, sans vous écraser, ouvrant l’espace et l’orientant. Mégalithes rayonnant d’énergie, captant les forces du lieu. Mégalithes, alignement, présence du temps, mémoire d’une civilisation à venir ( …)
Ils sonnent et résonnent dans et sur la forme en creux ou en plein, ils sont le prolongement de la sculpture, ils sont les passeurs des temps que la sculpture engendre et engrange. Découvrir sans réticence, caresser sans retenue cette matière rugueuse et voluptueuse, obtenue par assemblage d’une sorte de ficelle industrielle, avec du sable, poudre de marbre, cendre, pigment, et liant.
La main et l’oeil sont ravis. Les sculptures d’Odile de Frayssinet ont poussé comme la végétation des déserts : forme-cactus, charnues, épineuses et savoureuses (…).
Elles abolissent les frontières de ce qui est immense et minuscule, mince et énorme, du temps et l’espace.
Odile de Frayssinet réconcilie la forme et l’espace, et par là touche à l’harmonie profonde des lieux du temps et du rêve, à ce moment singulier de nos vies défaites mais réunifiées par elle. Matière-lumière, donnée du sensible, ces sculptures sont dans l’instant enveloppées par l’éternité.
Ils sonnent et résonnent dans et sur la forme en creux ou en plein, ils sont le prolongement de la sculpture, ils sont les passeurs des temps que la sculpture engendre et engrange. Découvrir sans réticence, caresser sans retenue cette matière rugueuse et voluptueuse, obtenue par assemblage d’une sorte de ficelle industrielle, avec du sable, poudre de marbre, cendre, pigment, et liant.
La main et l’oeil sont ravis. Les sculptures d’Odile de Frayssinet ont poussé comme la végétation des déserts : forme-cactus, charnues, épineuses et savoureuses (…).
Elles abolissent les frontières de ce qui est immense et minuscule, mince et énorme, du temps et l’espace.
Odile de Frayssinet réconcilie la forme et l’espace, et par là touche à l’harmonie profonde des lieux du temps et du rêve, à ce moment singulier de nos vies défaites mais réunifiées par elle. Matière-lumière, donnée du sensible, ces sculptures sont dans l’instant enveloppées par l’éternité.
Christine Fabre. La beauté comme nécessité
Christine Fabre oeuvre avec la totalité du monde, passé, présent, futur et de tous lieux sur cette terre. Elle fait corps avec la terre, l’eau et le feu, mais aussi avec le minéral, le végétal, l’animal et l’humain bien sûr, pour faire naître ces vasques, ces creusets.
« Archéologue de l’imaginaire », elle nous fait apparaître des objets, où l’utilitaire et le rituel sont indissociablement mêlés, où le quotidien rejoint l’intemporel et où le profane côtoie le sacré, pour la célébration d’une spiritualité commune à toutes les religions et à toutes les cultures.
Oui, les oeuvres de Christine Fabre redonnent du sens, du contenu et de la légitimité à l’emploi du mot Beauté.
Elles contribuent à la nécessaire restauration des valeurs esthétiques éternelles et universelles, par leur réinscription exemplaire de l’art dans la sensualité, dans l’évidence immédiate, et, par là, dans la réalité palpable et profonde de l’humain.
« Archéologue de l’imaginaire », elle nous fait apparaître des objets, où l’utilitaire et le rituel sont indissociablement mêlés, où le quotidien rejoint l’intemporel et où le profane côtoie le sacré, pour la célébration d’une spiritualité commune à toutes les religions et à toutes les cultures.
Oui, les oeuvres de Christine Fabre redonnent du sens, du contenu et de la légitimité à l’emploi du mot Beauté.
Elles contribuent à la nécessaire restauration des valeurs esthétiques éternelles et universelles, par leur réinscription exemplaire de l’art dans la sensualité, dans l’évidence immédiate, et, par là, dans la réalité palpable et profonde de l’humain.
Jean-Marc Paubel. De la texture profonde de la vie
Jean-Marc Paubel est fasciné par les textures végétales, leur intimité organique, leur lente sédimentation en strates successives
gardiennes de mémoire.
Il aime s’enfouir dans cette sorte d’humus premier, comme pour revenir à l’origine micro-cellulaire de la vie.
Il utilise pour cela deux procédés totalement opposés. Le premier est la décantation de matière, comme on fabrique le papier.
Décantation aléatoire et contrôlée qui produit des textures-paysages, supports de méditation où forme et fond sont confondus dans une sorte de conjonction proprement métaphysique. Le deuxième est le traitement de l’image du végétal par l’informatique qui permet de prolonger le processus vital, de mettre en abîme sa logique interne, d’y pénétrer à s’y dissoudre la pensée même, pour mieux accéder à ce sentiment d’une mystérieuse raison universelle.
gardiennes de mémoire.
Il aime s’enfouir dans cette sorte d’humus premier, comme pour revenir à l’origine micro-cellulaire de la vie.
Il utilise pour cela deux procédés totalement opposés. Le premier est la décantation de matière, comme on fabrique le papier.
Décantation aléatoire et contrôlée qui produit des textures-paysages, supports de méditation où forme et fond sont confondus dans une sorte de conjonction proprement métaphysique. Le deuxième est le traitement de l’image du végétal par l’informatique qui permet de prolonger le processus vital, de mettre en abîme sa logique interne, d’y pénétrer à s’y dissoudre la pensée même, pour mieux accéder à ce sentiment d’une mystérieuse raison universelle.
Guillaume Couffignal. Mystérieux vestiges
Les architectures ruiniformes de Guillaume Couffignal sont des fenêtres d’envol pour l’imaginaire et la rêverie.
Elles ont en effet ce mystère de vestiges qui semblent se situer hors du temps et n’appartenir à aucune civilisation connue. Elles peuvent évoquer cependant ce moment originel de la prise de conscience pour l’homme de sa nature humaine, et de l’apparition à lui-même de ce sentiment du sacré qui le fait humain.
Ces édifices, avec leurs arènes pour la prière commune et ses escaliers pour la transcendance de chacun, sont des temples pour la célébration rituelle de cette spiritualité native, pour son incarnation et sa cristallisation. Ils sont nés de la fusion de l’âme pure primitive avec le magma incandescent.
Elles ont en effet ce mystère de vestiges qui semblent se situer hors du temps et n’appartenir à aucune civilisation connue. Elles peuvent évoquer cependant ce moment originel de la prise de conscience pour l’homme de sa nature humaine, et de l’apparition à lui-même de ce sentiment du sacré qui le fait humain.
Ces édifices, avec leurs arènes pour la prière commune et ses escaliers pour la transcendance de chacun, sont des temples pour la célébration rituelle de cette spiritualité native, pour son incarnation et sa cristallisation. Ils sont nés de la fusion de l’âme pure primitive avec le magma incandescent.
Maurice Sage. La danse des temps fossiles
Et si la pierre, en ses multiples couches brisées, ne renvoyait pas seulement au règne minéral, mais désignait, dans l’esprit de celui qui la contemple, une sorte de paysage intérieur ou, pour le dire encore autrement, une sorte de vie fossile des formes ? Voilà bien la question à laquelle nous convie l’oeuvre de Maurice Sage, peintre-poète et paléontologue ayant choisi pour terrain d’étude ses propres affects.
A l’image d’un Bissière peignant au jour le jour ses humeurs, son oeuvre est le journal de sa vie intime ; la transcription plastique de ses rêveries en taches de couleurs. C’est pourquoi, peut-être, à l’instar des peintres du moyen-âge, Maurice Sage semble avoir fait du dissemblable la clef de voûte de son esthétique : car en-deçà (ou par-delà) le réalisme apparent de ses paysages d’âme, cet artiste à la sensibilité délicate, ne cherche en réalité qu’une seule chose : faire de sa peinture la concrétisation abstraite de ses émotions.
Mais pour que se produise une telle conversion du regard (pour que la dissemblance acquière son sens véritable) ne faut-il pas, au préalable, renoncer à voir dans cette peinture une référence au monde extérieur ; et plus particulièrement encore, au monde silencieux des roches et des pierres ? Cela est plus que probable, car à ne s’en tenir qu’à ce seul aspect des choses, nous nous priverions de voir dans son oeuvre ce qui en fait sa force et sa grandeur. A savoir : la relation qu’elle établit entre le monde de la visualité pure et celui du sens de nos affects.
A l’image d’un Bissière peignant au jour le jour ses humeurs, son oeuvre est le journal de sa vie intime ; la transcription plastique de ses rêveries en taches de couleurs. C’est pourquoi, peut-être, à l’instar des peintres du moyen-âge, Maurice Sage semble avoir fait du dissemblable la clef de voûte de son esthétique : car en-deçà (ou par-delà) le réalisme apparent de ses paysages d’âme, cet artiste à la sensibilité délicate, ne cherche en réalité qu’une seule chose : faire de sa peinture la concrétisation abstraite de ses émotions.
Mais pour que se produise une telle conversion du regard (pour que la dissemblance acquière son sens véritable) ne faut-il pas, au préalable, renoncer à voir dans cette peinture une référence au monde extérieur ; et plus particulièrement encore, au monde silencieux des roches et des pierres ? Cela est plus que probable, car à ne s’en tenir qu’à ce seul aspect des choses, nous nous priverions de voir dans son oeuvre ce qui en fait sa force et sa grandeur. A savoir : la relation qu’elle établit entre le monde de la visualité pure et celui du sens de nos affects.