© Moustacchi Dominique Egypte Louxor 1952
Echo, contrepoint, ou plus justement face B de l’exposition temporaire précédente au musée départemental Arles antique “Le midi antique, photographies et monuments historiques 1839-1880”, “J’aimerais tant voir Syracuse” va chercher, en puisant dans l’immense trésor muet que représente la photo dite « de famille », un autre récit, un autre point de vue, d’autres perspectives, d’autres façons de construire et de déconstruire la mythologie de ces lieux puissamment poétiques que sont les sites antiques de la Méditerranée. Qu’ils soient vécus au quotidien, comme le font les Arlésiens qui passent tous les jours devant les arènes ou se promènent, l’été aux Alyscamps, qu’ils soient découverts dans des moments d’exception comme un voyage de noces à Aphrodisias ou des vacances d’été à Louxor, les sites antiques sont habités et habitent nos vies au plus vif de notre présent commun.
Pour les 20 ans du musée les habitants, les voisins, les gens d’ici et d’ailleurs
Famille Denise, Égypte, Louxor, Avril 1993
viennent au musée, cette fois-ci, pour partager leurs albums de famille, leurs photos qui traitent du sujet. Le musée a 20 ans, c’est eux, cette fois-ci qui seront exposés.
Car au départ, c’est d’une collecte qu’il s’agit. Et une collecte de photos de famille, c’est avant tout proposer à chacun d’aller regarder dans ses souvenirs proches ou lointains, ses tiroirs, ses boîtes à chaussures, où peuvent bien être ces photos que l’on connaît si bien d’un dimanche au Pont du Gard ou ces autres du voyage des parents à Rome et à Pompéi.
On les retrouve, non sans émotion, et on doute de l’intérêt qu’elles peuvent bien avoir pour d’autres que pour soi-même, mais... puisqu’ils le proposent, on les sort de la boîte, on va leur donner un peu d’air, un peu de lumière.
Ces photos issues de familles, d’histoires, d’époques différentes arrivent au musée par mail, par courrier ou bien portées directement par le propriétaire qui sait qu’il les laisse, pour un temps dans les mains d’inconnus... Au résultat, toutes ces images ensemble, ça fait une joyeuse cacophonie, ou plutôt cacographie.
Ça parle, ça raconte, mais quoi ?
Ces photos ont toutes des points communs et des lignes de divergences. Elles disent toutes comment, l’antique, c’est avant tout du présent. L’antique, on ne le voit que comme il est et non pas dans sa splendeur passée. Sa splendeur c’est sa ruine, plus ou moins restaurée, selon les époques. Cette fragilité, cette façon d’être en travaux de réhabilitation ou indéfiniment en fouille, nous laisse la place nécessaire pour y inventer nos légendes de héros et de demi-dieux ordinaires. C’est le chantier perpétuel de notre histoire sans frontière qui s’y joue, voilà peut- être pourquoi on s’y sent si bien, pourquoi on s’y sent chez soi.
On photographie, on se photographie. On témoigne, on retient, on trace, on transmet ce moment-là, souvent joyeux où on était présent. À Épidaure ou à Djemila, à Fréjus ou à Orange. Des points communs, des variations.
On y trouve, assurément, toute l’histoire de la photo amateur. Les premiers appareils c’est l’homme, le père de famille qui les utilise. En effet, ces images d’avant la démocratisation de la photographie, on constate que c’est généralement un regard masculin qui les a cadrées, choisies, réussies ou ratées. Il faut attendre l’Instamatic, le Polaroid pour que la femme s’en mêle.
On y trouve aussi l’histoire des milieux sociaux. On le voit clairement dans ces photos d’Égypte ou de l’Acropole selon qu’elles datent des années trente ou des années soixante-dix.
On y saisit aussi des bribes de la grande histoire, captée par le viseur de soldats allemands sur l’Acropole ou par des soldats français dans les ruines de Tipaza en Algérie.
On y trouve comme dans une noix, des secrets qui ne se révèlent qu’en agrandissant ces si petits formats, des détails, des incidents, des vibrations qui font tout l’attrait, toute la force, l’unicité de ces photos qui a priori se ressemblent.
L’intention principale de cette exposition sera certainement celle-ci : donner à voir autrement. On est tenté de voir, en ces photos, l’aspect nostalgique, le versant charmant, cocasse, suranné de la chose. Cependant, elles montrent, en toute modestie, une autre histoire de la photo, une autre histoire de l’histoire, une autre histoire de l’archéologie.
Certaines images seront accrochées en très grand format, alors qu’à l’origine, elles font à peine 6 cm sur 8 cm. D’autres seront rapprochées, non parce qu’elles décrivent le même lieu ou qu’elles sont de la même époque, mais parce qu’elles parlent d’une même musique, une façon de concevoir la question de l’échelle, de la perspective, des postures du corps ou du plissé de la jupe.
Cette exposition tentera de parler d’autres familles plus confidentiellement liées.
La Méditerranée est le premier des liens. Si on l’assèche de son eau, c’est la même terre, la même géographie. Ce sont les voyageurs des premiers temps qui ont fait route sur la mer. Et ces vestiges qui constellent toutes les rives de la Méditerranée témoignent de tout cela. C’est peut-être pour ça qu’on a tant de prédisposition à aller voir ces ailleurs… s’ils existent, car rien n’est moins sûr.
Car leurs noms suffisent pour faire le voyage, même immobile : Palmyre, Baalbek, Izmir, Petra, Césarée, Volubilis. Et s’ils n’existent pas, tant pis, puisqu’on les a déjà visités le doigt sur la carte, le regard perdu dans la carte postale.
« J’aimerais tant voir Syracuse... » dit la chanson. Les frontières s’effacent, certains voyages restent potentiels, mais n’en sont pas moins forts. Les temporalités se croisent aussi.
Sur cette photo des années 20, on est à Pompéi. Une jeune fille pose dans un décor en ruine, elle a l’air joyeux, elle semble audacieuse. Aujourd’hui elle n’est probablement plus ici. Le bassin avec statue, lui, a probablement retrouvé une fraîcheur qu’il n’avait jamais eue auparavant. Dérives du temps que ces photos racontent sans vraiment le vouloir.
L’intention principale de cette exposition sera, nous l’espérons encore une fois, de donner à voir autrement ce qui est déjà présent dans les photos.
Il y aura des photos originales et quelques albums. Il y aura trois écrans qui prélèveront des fragments des photos exposées, une façon de voir la photo dans la photo et de souligner la partition de détails qui traversent les images. Il y aura quelques citations prélevées, ici et là chez les poètes parnassiens, les antiques ou dans les chansons.
Car au départ, c’est d’une collecte qu’il s’agit. Et une collecte de photos de famille, c’est avant tout proposer à chacun d’aller regarder dans ses souvenirs proches ou lointains, ses tiroirs, ses boîtes à chaussures, où peuvent bien être ces photos que l’on connaît si bien d’un dimanche au Pont du Gard ou ces autres du voyage des parents à Rome et à Pompéi.
On les retrouve, non sans émotion, et on doute de l’intérêt qu’elles peuvent bien avoir pour d’autres que pour soi-même, mais... puisqu’ils le proposent, on les sort de la boîte, on va leur donner un peu d’air, un peu de lumière.
Ces photos issues de familles, d’histoires, d’époques différentes arrivent au musée par mail, par courrier ou bien portées directement par le propriétaire qui sait qu’il les laisse, pour un temps dans les mains d’inconnus... Au résultat, toutes ces images ensemble, ça fait une joyeuse cacophonie, ou plutôt cacographie.
Ça parle, ça raconte, mais quoi ?
Ces photos ont toutes des points communs et des lignes de divergences. Elles disent toutes comment, l’antique, c’est avant tout du présent. L’antique, on ne le voit que comme il est et non pas dans sa splendeur passée. Sa splendeur c’est sa ruine, plus ou moins restaurée, selon les époques. Cette fragilité, cette façon d’être en travaux de réhabilitation ou indéfiniment en fouille, nous laisse la place nécessaire pour y inventer nos légendes de héros et de demi-dieux ordinaires. C’est le chantier perpétuel de notre histoire sans frontière qui s’y joue, voilà peut- être pourquoi on s’y sent si bien, pourquoi on s’y sent chez soi.
On photographie, on se photographie. On témoigne, on retient, on trace, on transmet ce moment-là, souvent joyeux où on était présent. À Épidaure ou à Djemila, à Fréjus ou à Orange. Des points communs, des variations.
On y trouve, assurément, toute l’histoire de la photo amateur. Les premiers appareils c’est l’homme, le père de famille qui les utilise. En effet, ces images d’avant la démocratisation de la photographie, on constate que c’est généralement un regard masculin qui les a cadrées, choisies, réussies ou ratées. Il faut attendre l’Instamatic, le Polaroid pour que la femme s’en mêle.
On y trouve aussi l’histoire des milieux sociaux. On le voit clairement dans ces photos d’Égypte ou de l’Acropole selon qu’elles datent des années trente ou des années soixante-dix.
On y saisit aussi des bribes de la grande histoire, captée par le viseur de soldats allemands sur l’Acropole ou par des soldats français dans les ruines de Tipaza en Algérie.
On y trouve comme dans une noix, des secrets qui ne se révèlent qu’en agrandissant ces si petits formats, des détails, des incidents, des vibrations qui font tout l’attrait, toute la force, l’unicité de ces photos qui a priori se ressemblent.
L’intention principale de cette exposition sera certainement celle-ci : donner à voir autrement. On est tenté de voir, en ces photos, l’aspect nostalgique, le versant charmant, cocasse, suranné de la chose. Cependant, elles montrent, en toute modestie, une autre histoire de la photo, une autre histoire de l’histoire, une autre histoire de l’archéologie.
Certaines images seront accrochées en très grand format, alors qu’à l’origine, elles font à peine 6 cm sur 8 cm. D’autres seront rapprochées, non parce qu’elles décrivent le même lieu ou qu’elles sont de la même époque, mais parce qu’elles parlent d’une même musique, une façon de concevoir la question de l’échelle, de la perspective, des postures du corps ou du plissé de la jupe.
Cette exposition tentera de parler d’autres familles plus confidentiellement liées.
La Méditerranée est le premier des liens. Si on l’assèche de son eau, c’est la même terre, la même géographie. Ce sont les voyageurs des premiers temps qui ont fait route sur la mer. Et ces vestiges qui constellent toutes les rives de la Méditerranée témoignent de tout cela. C’est peut-être pour ça qu’on a tant de prédisposition à aller voir ces ailleurs… s’ils existent, car rien n’est moins sûr.
Car leurs noms suffisent pour faire le voyage, même immobile : Palmyre, Baalbek, Izmir, Petra, Césarée, Volubilis. Et s’ils n’existent pas, tant pis, puisqu’on les a déjà visités le doigt sur la carte, le regard perdu dans la carte postale.
« J’aimerais tant voir Syracuse... » dit la chanson. Les frontières s’effacent, certains voyages restent potentiels, mais n’en sont pas moins forts. Les temporalités se croisent aussi.
Sur cette photo des années 20, on est à Pompéi. Une jeune fille pose dans un décor en ruine, elle a l’air joyeux, elle semble audacieuse. Aujourd’hui elle n’est probablement plus ici. Le bassin avec statue, lui, a probablement retrouvé une fraîcheur qu’il n’avait jamais eue auparavant. Dérives du temps que ces photos racontent sans vraiment le vouloir.
L’intention principale de cette exposition sera, nous l’espérons encore une fois, de donner à voir autrement ce qui est déjà présent dans les photos.
Il y aura des photos originales et quelques albums. Il y aura trois écrans qui prélèveront des fragments des photos exposées, une façon de voir la photo dans la photo et de souligner la partition de détails qui traversent les images. Il y aura quelques citations prélevées, ici et là chez les poètes parnassiens, les antiques ou dans les chansons.
Pratique
Musée départemental Arles antique
Presqu’île du Cirque-Romain
BP 205
13635 Arles cedex
www.arles-antique.cg13.fr
info.mdaa@cg13.fr
Standard : 04 13 31 51 03
HORAIRES
Tous les jours de 10h à 18h, sauf le mardi Fermeture : 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre.
TARIFS
Entrée plein tarif : 8 € Entrée tarif réduit : 5 €
Presqu’île du Cirque-Romain
BP 205
13635 Arles cedex
www.arles-antique.cg13.fr
info.mdaa@cg13.fr
Standard : 04 13 31 51 03
HORAIRES
Tous les jours de 10h à 18h, sauf le mardi Fermeture : 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre.
TARIFS
Entrée plein tarif : 8 € Entrée tarif réduit : 5 €