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La Compagnie "La Parenthèse" fête ses dix ans au Théâtre du Gymnase. Marseille. vendredi 6 Janvier 2012.

Pour fêter ses dix ans d'existence, la compagnie "La Parenthèse" nous donnait rendez-vous, début janvier, au théâtre du Gymnase à Marseille, pour une agréable soirée qui réunissait autour d'extraits de ses propres spectacles, quelques pièces remarquables de grandes compagnies internationales.


Les Ballets Trockadéro de Monte Carlo La mort du Cygne © Sascha Vaughan
Les Ballets Trockadéro de Monte Carlo La mort du Cygne © Sascha Vaughan
Lausanne, Montréal, Marseille, jalonnent le parcours de cette jeune compagnie créée par Christophe Garcia avec des camarades étudiants, et récompensée par cinq prix, dans divers concours chorégraphiques, pour l'originalité de ses créations et de son inspiration.

Les chorégraphies de Christophe Garcia, dansées par sa compagnie, alternaient avec les spectacles invités. Reprises pour la plupart de pièces créées ces dernières années (Alice, les songe-creux, Chercher l'intime, l'heure du bain), elles s'arrogeaient la part de dérision, de burlesque, et l'esprit carnavalesque qui caractérisent son style chorégraphique. Deux pièces plus récentes relevaient d'une inspiration nouvelle, à la fois sombre et grave, qui semble marquer un tournant, ouvrir une nouvelle parenthèse dans la réfexion du chorégraphe sur son art: Je suis sage, mais tu me manques. . . nous montre un père (Arnaud Baldaquin) qui se remémore, pendant la guerre de 14-18, dans les tranchées, la lettre de son jeune fils, et exprime, pendant une demi-heure, dans un solo désespéré, fait de pirouettes, de chutes, de reptations sous les bombes, ou de démarches d'automate, sa détresse de ne pouvoir rejoindre son enfant. Boléro, de Ravel, relève le défi de Béjart, en présentant trois danseuses courageuses (Marie-Eve Carrière, Charline Peugeot et Soula Trougakos) qui se démènent avec passion, taille cambrée, gestes cadencés, bras déployés ou repliés, pour imposer aux regards du public, le principe de la montée paroxystique du désir.

Les spectacles invités offraient à des danseurs brillants et talentueux le soin de défendre la partie la plus prestigieuse du spectacle :
A Dream, chorégraphie de Ed Wubbe et Marco Goecke, dansé par Anne-Marie Van der Meulen et Mischa van Leeuwen, du Scapino Ballet de Rotterdam, est un élégant duo qui fait alterner portés, mouvements synchrones et moulinet des bras, sur des musiques de Lou Reed et John Cale.
La Mort du Cygne, dansé par Roberto Forléo, des Ballets Trokadero de Monte Carlo(USA), nous offre une parodie désopilante de la célèbre chorégraphie de Fokine pour La Pavlova sur la musique de Saint-Saëns. Multipliant les clins d'yeux aguicheurs au milieu de gags dérisoires où le pathétique le dispute au dégoût, perdant et ramassant ses plumes avec effroi, s'apitoyant sur son sort, le danseur travesti reçoit une belle ovation avec ce numéro burlesque très réjouissant.
Deux extraits de Folavi de Jean-Charles Gil(Ballet d'Europe), deux duos dansés avec fougue sur Stravaganza et le Concerto pour trompette de Vivaldi, confirment les talents de danseurs classiques de Marié Shimada, Ludovic Le Floch, Natacha Franck et Tatsuki Takada.
L'Intruse, chorégraphie de Gil Roman (Ballet de Lausanne) exprime à la perfection l'originalité de l'héritage de Maurice Béjart. Sur le thème d'une intruse (Lisa Cano) qui s'impose au milieu d'un couple de garçons (Marco Merenda et Gabriel Arenas Ruiz) et trouble leur amitié, le trio de danseurs convoque culture indienne, pantomime et perfection technique classique dans l'optique d'une subjectivité effacée qui constitue le plus bel hommage que l'on puisse rendre au génial chorégraphe marseillais.
Enfin, La Fille au Roi Louis, duo chorégraphié par Thierry Malandin (Ballet de Biarritz) sur des chansons médiévales, et dansé par Nathalie Verpecht et Giuseppe Chiavara, nous entraîne dans les figures précieuses de la danse baroque(piqués, échappés sautés)que perturbent de temps à autre des postures triviales de gestuelles contemporaines, des roulades au sol sur une scène jonchée de haillons.
      Dans l'ensemble, nous avons assisté à une soirée qui rassemblait des spectacles d'inspiration très éclectique, mais il faut reconnaître que, pour les dix ans de sa compagnie, Christophe Garcia, faisant appel à tous les amis qui ont contribué à sa formation de chorégraphe, ou qui l'ont aidé à obtenir une reconnaissance certaine dans le monde de la Danse, a eu le mérite de ne pas se mettre seul en vedette.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 11 Janvier 2012 à 14:46 | Lu 1147 fois

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