Trois caricaturistes rêvassent assis sur leur chaise pliante en toile et attendent le client. Les pigeons de la mairie ou de l’opéra-théâtre picorent le dallage entre les pieds des badauds. Question d’habitude. Tout le monde ne mange pas à un râtelier. Les terrasses des brasseries ne sont plus bondées mais la recette sera encore bonne ce soir.
Tournée d’adieu. C’est notre tournée. Direction la rue des Teinturiers, la seule rue habitée d’ombre, de verdure et d’un canal au bruit d’eau courante et rafraîchissante. Un plaisir rare à Avignon que de vaquer à l’abri de la morsure du soleil ou de la chaleur écrasante.
Les panneaux d’affichages sauvages et consentis sont atteints de pelade. Beaucoup d’affichettes vantant un spectacle parmi les 1258 proposés lors des trois semaines ont été ôtés par les compagnies reparties sur les hasardeux chemins de succès futurs.
C’est les soldes. C’est l’exode. L’arche de Noé/Vilar se vide. Inexorable phénomène, les bateleurs flamboyants de juillet sont sur les routes de France et d’Europe. Autant d’Illustre Théâtre aux destins incertains. Surtout, la cité des Papes a vidé les bourses des compagnies en échange de la location de « théâtres » de poche et de mauvais hébergements.
Faut y croire ! Déclamons ! Jouons ! Séduisons ! Remballons !
Les mauvais pavés de la rue des Teinturiers nous mènent heureusement dans un havre de quiétude : le jardin du couvent des Cordeliers généreusement ombragé et entouré des murs usés d’une chapelle où dort – dit-on – Laure de Noves. La Laura de Pétrarque, universellement connue grâce aux fameux poèmes de l’amoureux éperdu, écrits à l’annonce de la mort de sa bien aimée.
Pétrarque, père spirituel des écrivains de théâtre des festivals in et off ? Allez savoir.
Peu de monde ce 31 juillet aux tables de ce restaurant des Cordeliers mis à part une belle tablée de jeunes et joyeux artistes rejouant la Cène sans le savoir.
Du balai ! Les équipes de nettoyage sont à l’œuvre. Le festival 2013 a fait long feu. Pschitt !
Adieu les 1 066 compagnies qui ont donné 1 265 spectacles ! Envolés les rires, les musiques, les éclats de voix, les saillies, les répliques, les tourments, les applaudissements, les « bravo », les « hou ». Le pavé s’ennuie, les murs sont gris. Les livrées cardinalices s’endorment dans l’ordinaire de la vie.
Seul le Palais des Papes avale sa ration quotidienne d’humains venus « faire » Avignon.
Pierre Aimar
Vidéo : la rue des Teinturiers alors que le festival bat son plein
Tournée d’adieu. C’est notre tournée. Direction la rue des Teinturiers, la seule rue habitée d’ombre, de verdure et d’un canal au bruit d’eau courante et rafraîchissante. Un plaisir rare à Avignon que de vaquer à l’abri de la morsure du soleil ou de la chaleur écrasante.
Les panneaux d’affichages sauvages et consentis sont atteints de pelade. Beaucoup d’affichettes vantant un spectacle parmi les 1258 proposés lors des trois semaines ont été ôtés par les compagnies reparties sur les hasardeux chemins de succès futurs.
C’est les soldes. C’est l’exode. L’arche de Noé/Vilar se vide. Inexorable phénomène, les bateleurs flamboyants de juillet sont sur les routes de France et d’Europe. Autant d’Illustre Théâtre aux destins incertains. Surtout, la cité des Papes a vidé les bourses des compagnies en échange de la location de « théâtres » de poche et de mauvais hébergements.
Faut y croire ! Déclamons ! Jouons ! Séduisons ! Remballons !
Les mauvais pavés de la rue des Teinturiers nous mènent heureusement dans un havre de quiétude : le jardin du couvent des Cordeliers généreusement ombragé et entouré des murs usés d’une chapelle où dort – dit-on – Laure de Noves. La Laura de Pétrarque, universellement connue grâce aux fameux poèmes de l’amoureux éperdu, écrits à l’annonce de la mort de sa bien aimée.
Pétrarque, père spirituel des écrivains de théâtre des festivals in et off ? Allez savoir.
Peu de monde ce 31 juillet aux tables de ce restaurant des Cordeliers mis à part une belle tablée de jeunes et joyeux artistes rejouant la Cène sans le savoir.
Du balai ! Les équipes de nettoyage sont à l’œuvre. Le festival 2013 a fait long feu. Pschitt !
Adieu les 1 066 compagnies qui ont donné 1 265 spectacles ! Envolés les rires, les musiques, les éclats de voix, les saillies, les répliques, les tourments, les applaudissements, les « bravo », les « hou ». Le pavé s’ennuie, les murs sont gris. Les livrées cardinalices s’endorment dans l’ordinaire de la vie.
Seul le Palais des Papes avale sa ration quotidienne d’humains venus « faire » Avignon.
Pierre Aimar
Vidéo : la rue des Teinturiers alors que le festival bat son plein