Marseille, Théâtre des Calanques : « Anton Tchekhov, en bref ». Du 20 au 29 mars 2025

Né à Taganrog, port rapidement en faillite des bords de la mer d’Azov, dans une famille de commerçants très appauvrie, il finance ses études de médecine en écrivant des récits humoristiques. Tout en exerçant comme médecin, il développe un style littéraire subtil, privilégiant l’observation du quotidien et la précision des comportements, la vérité des personnages. La condition humaine et la fragilité des destins individuels, l’espoir de la liberté et la fatalité des desseins familiaux, amoureux, imprègnent ses nouvelles. Ses pièces, comme La Mouette, Oncle Vania, Les Trois Sœurs et La Cerisaie, révolutionnent le théâtre avec leur réalisme, leur mélancolie, et leur dérision. Il entreprend plusieurs voyages, dont celui qui le conduira en Sibérie où il découvre les terribles conditions de détention des détenus des colonies pénitentiaires. En 1898, il rencontre sa future femme, actrice au théâtre d’Art de Moscou, qui incarne La Mouette. Atteint de tuberculose, il meurt à Badenweiler, Forêt-Noire allemande, à 44 ans, auprès de sa femme, laissant une œuvre marquante qui influencera profondément la littérature et le théâtre du XXe siècle.

Fondamentalement tragique, la Cerisaie se veut être – c’est l’affirmation de Tchekhov – une comédie dans son écriture, son interprétation, son mouvement. À l’aube de la première révolution russe de 1905, Tchekhov, au crépuscule de sa vie, écrit une pièce qui défie les postures et les dogmes, au plus proche de l’humanité, qui n’a d’autre dessein que d’être vivifié par le souffle et la chair des actrices et des acteurs et d’atteindre la sensibilité et la réflexion des futurs spectateurs.

Fresque philosophique s’articulant autour de séquences pleines d’ironie, d’un humour féroce, d’une tendresse subtile, Tchekhov nous raconte aussi la nature, rongée par l’artificiel – cette cerisaie somptueuse, ces terres, cette rivière, cette lumière ou cette nuit – mais aussi la permanence des objets – l’armoire, la petite table, le lit d’enfant, la baignoire, la cafetière ou la fenêtre.

Dans la Cerisaie, s’impose la dualité entre l’utile et l’inutile au travers des figures de Lopakhine face à celles de Lioubov et Gaev. Ces figures sont paradoxales et parfois contradictoires. L’utile n’est pas seulement le profit matériel, et est aussi la construction d’un réel « viable », la réalisation d’un projet entrepreneurial, la capitalisation. L’inutile est aussi la valeur donnée au souvenir, la dimension symbolique, le fantasme, les rêves

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Théâtre des Calanques
35 Trav. de Carthage
13008 Marseille
Téléphone : 04 91 75 64 59