Ferdinand Hodler, Autoportrait, vers 1914
Ils ne se sont même pas rencontrés, et, s’il ne fait aucun doute qu’Hodler et Munch ont souvent regardé Monet, la réciproque n’est pas démontrée. Circonstance aggravante : l’histoire de l’art a pris l’habitude de les classer dans des catégories différentes, impressionnisme, postimpression- nisme ou symbolisme. Or c’est ce classement que l’on se propose de remettre en cause en montrant que leurs œuvres ont bien plus à se dire entre elles qu’on ne le croirait.
Une évidence historique d’abord : ces peintres sont des contemporains, bien qu’ils appar- tiennent à des générations différentes. Ils vivent dans le même monde en cours de mutation, l’Europe d’avant et d’après la Première Guerre Mondiale. Ils en éprouvent les mutations techniques, politiques et sociales. Celles-ci affectent leur mode de vie et leurs pratiques artistiques. Ainsi tous trois sont-ils des voyageurs et découvrent des lieux et des motifs auxquels, un demi-siècle plus tôt, ils n’auraient pu accéder. Monet se rend à Norvège, Hodler monte jusqu’aux glaciers alpins, Munch va et vient du nord au sud de l’Europe. Ainsi sont-ils aussi les contemporains du développement accéléré des sciences physiques et naturelles qui procèdent par expérimentations et séries – modèles que tous trois, à des degrés divers, introduisent dans leur processus créatif.
Ces expérimentations, ces séries, c’est-à-dire une conception méthodique, tous trois la mettent en œuvre pour affronter les difficultés de la représentation de motifs qui, en raison même de leurs particularités, deviennent pour eux des obsessions. « J’ai repris encore des choses impossibles à faire : de l’eau avec de l’herbe qui ondule dans le fond… c’est admi- rable à voir, mais c’est à rendre fou de vouloir faire ça. » Ces mots sont de Monet, mais ils pourraient être ceux du peintre qui, jusqu’à sa mort, s’obstine à étudier l’horizon des Alpes depuis sa fenêtre, de l’aube au crépuscule – Hodler. Ou de celui qui, insatisfait, revient jusqu’à la dépression sur les mêmes motifs, une maison rouge, des marins dans la neige, le couchant regardé en face, la nuit boréale – Munch. Comment peindre de face l’éclat éblouissant du soleil, avec de simples couleurs à l’huile sur une simple toile ? Comment peindre la neige dont l’éclat et la blancheur ne cessent de varier à la moindre nuance de la lumière ? Comment suggérer les mouvements et variations de la lumière sur l’eau, malgré l’immobilité de la peinture ? Tous trois mettent ainsi la peinture à l’épreuve de l’impossible.
L’exposition les suit pas à pas dans ces recherches en comparant sans cesse leurs tentatives, en organisant des confrontations visuelles entre les trois artistes dans un espace repensé pour l’occasion afin d’accueillir une vingtaine d’œuvre de chacun. Les sujets, c’est-à-dire les problèmes : haute montagne, soleil, neige, eau vive. Le parcours les réunit une dernière fois sous le signe de la couleur dégagée du devoir d’imitation, jusqu’à leurs œuvres ultimes, elliptiques et libres – si libres qu’elles n’ont guère été comprises de leurs contemporains. Grâce à partenariat exceptionnel entre le Munchmuseet d’Oslo et musée Marmottan Monet, elle présente des œuvres du peintre norvégien qui, pour certaines, n’ont jamais été vues à Paris. La générosité de plusieurs collections privées suisses permet d’y réunir un ensemble Hodler non moins exceptionnel, que ce soit par sa qualité ou sa rareté.
Une évidence historique d’abord : ces peintres sont des contemporains, bien qu’ils appar- tiennent à des générations différentes. Ils vivent dans le même monde en cours de mutation, l’Europe d’avant et d’après la Première Guerre Mondiale. Ils en éprouvent les mutations techniques, politiques et sociales. Celles-ci affectent leur mode de vie et leurs pratiques artistiques. Ainsi tous trois sont-ils des voyageurs et découvrent des lieux et des motifs auxquels, un demi-siècle plus tôt, ils n’auraient pu accéder. Monet se rend à Norvège, Hodler monte jusqu’aux glaciers alpins, Munch va et vient du nord au sud de l’Europe. Ainsi sont-ils aussi les contemporains du développement accéléré des sciences physiques et naturelles qui procèdent par expérimentations et séries – modèles que tous trois, à des degrés divers, introduisent dans leur processus créatif.
Ces expérimentations, ces séries, c’est-à-dire une conception méthodique, tous trois la mettent en œuvre pour affronter les difficultés de la représentation de motifs qui, en raison même de leurs particularités, deviennent pour eux des obsessions. « J’ai repris encore des choses impossibles à faire : de l’eau avec de l’herbe qui ondule dans le fond… c’est admi- rable à voir, mais c’est à rendre fou de vouloir faire ça. » Ces mots sont de Monet, mais ils pourraient être ceux du peintre qui, jusqu’à sa mort, s’obstine à étudier l’horizon des Alpes depuis sa fenêtre, de l’aube au crépuscule – Hodler. Ou de celui qui, insatisfait, revient jusqu’à la dépression sur les mêmes motifs, une maison rouge, des marins dans la neige, le couchant regardé en face, la nuit boréale – Munch. Comment peindre de face l’éclat éblouissant du soleil, avec de simples couleurs à l’huile sur une simple toile ? Comment peindre la neige dont l’éclat et la blancheur ne cessent de varier à la moindre nuance de la lumière ? Comment suggérer les mouvements et variations de la lumière sur l’eau, malgré l’immobilité de la peinture ? Tous trois mettent ainsi la peinture à l’épreuve de l’impossible.
L’exposition les suit pas à pas dans ces recherches en comparant sans cesse leurs tentatives, en organisant des confrontations visuelles entre les trois artistes dans un espace repensé pour l’occasion afin d’accueillir une vingtaine d’œuvre de chacun. Les sujets, c’est-à-dire les problèmes : haute montagne, soleil, neige, eau vive. Le parcours les réunit une dernière fois sous le signe de la couleur dégagée du devoir d’imitation, jusqu’à leurs œuvres ultimes, elliptiques et libres – si libres qu’elles n’ont guère été comprises de leurs contemporains. Grâce à partenariat exceptionnel entre le Munchmuseet d’Oslo et musée Marmottan Monet, elle présente des œuvres du peintre norvégien qui, pour certaines, n’ont jamais été vues à Paris. La générosité de plusieurs collections privées suisses permet d’y réunir un ensemble Hodler non moins exceptionnel, que ce soit par sa qualité ou sa rareté.