Célébrer les 20 ans du Bleu du Ciel est l’occasion de poser la question de la photographie contemporaine en terme social. Qu’on l’appelle documentaire ou réaliste, engagée ou critique, ou bien encore “partagée” dans une approche collaborative, la photographie a été confrontée à un problème de conscience : comment être de l’art contemporain et un témoignage critique ?
Comment ne pas se laisser enfermer dans ce que l’on nomme le “surplus civilisationnel” et être pleinement acteur dans la société ? Faut-il faire de l’expérience des formes photographiques une question politique ? En somme, comment tenir sur ce fil qui fait qu’un travail photographique ne tombe pas dans l’économie globalisée des images… Le Bleu du Ciel, au regard de sa programmation, a réussi ce tour de force de répondre à ces exigences parfois contradictoires.
En reprenant et en complétant le titre de l’exposition que nous avions choisi en 2006 pour le MAC de Lyon dans le cadre du festival Lyon Septembre de la Photographie, Gilles Verneret et moi-même souhaitions inscrire nos réflexions dans la durée et rendre hommage aux photographes qui ont accompagné l’aventure du Bleu du Ciel tout en invitant des artistes dont l’œuvre est emblématique d’une esthétique animée par une exigence éthique.
Cette exposition bénéficie également d’un prêt exceptionnel de la Collection d’entreprise Neuflize OBC qui était déjà associée à l’exposition de 2006, et manifeste ainsi sa fidélité au projet de La Région humaine, Le ciel est bleu.
Michel Poivert
Comment ne pas se laisser enfermer dans ce que l’on nomme le “surplus civilisationnel” et être pleinement acteur dans la société ? Faut-il faire de l’expérience des formes photographiques une question politique ? En somme, comment tenir sur ce fil qui fait qu’un travail photographique ne tombe pas dans l’économie globalisée des images… Le Bleu du Ciel, au regard de sa programmation, a réussi ce tour de force de répondre à ces exigences parfois contradictoires.
En reprenant et en complétant le titre de l’exposition que nous avions choisi en 2006 pour le MAC de Lyon dans le cadre du festival Lyon Septembre de la Photographie, Gilles Verneret et moi-même souhaitions inscrire nos réflexions dans la durée et rendre hommage aux photographes qui ont accompagné l’aventure du Bleu du Ciel tout en invitant des artistes dont l’œuvre est emblématique d’une esthétique animée par une exigence éthique.
Cette exposition bénéficie également d’un prêt exceptionnel de la Collection d’entreprise Neuflize OBC qui était déjà associée à l’exposition de 2006, et manifeste ainsi sa fidélité au projet de La Région humaine, Le ciel est bleu.
Michel Poivert
Co-commissariat Michel Poivert & Gilles Verneret
Sans revenir sur l’histoire du documentaire photographique depuis Atget, suivi d’Evans et de son renouvellement à travers Jeff Wall, contentons-nous d’ajouter à la suite de l’historien Michel Poivert que « s’invente alors le “nouveau documentaire social”, une pratique mêlant art conceptuel, critique des valeurs de l’art moderniste et volonté d’action politique ».
C’est sur cette voie que s’est engagé depuis plus d’une décennie le Bleu du Ciel, qui a présenté des artistes comme Claire Chevrier, Julien Guinand, Karim Kal, Jürgen Nefzger, Dana Popa, Shai Kremer, Andrew Bush, Lynne Cohen, Arno Gisinger, Stanislas Amand, Sami Balodji et Mathieu Pernot - entre autres - chacun illustrant à sa manière ce rapport engagé avec le réel, conceptualisé, contextualisé, dans une pratique exigeante et distanciée.
La notion de « nouveau documentaire » n’est pas neuve, s’inscrivant dans le prolongement des aînés américains de New topographics mais renouvelant quelque peu le genre. Renouvellement qui consiste en une multiplicité d’expressions à travers différents médiums : tirages forme tableau, dos bleu collés, textes adjacents sur murs, etc. Cette multiplicité de médiums affiliés à l’image en général, croise aussi des connaissances transversales : anthropologiques, sociologiques, historiques, géographiques, urbanistiques, ou politico-psychologiques, qui deviennent consubstantielles aux images présentées ; la textualité soulignant la compréhension profonde de l’œuvre qui fait de l’artiste d’aujourd’hui un témoin sociétal qui organise son univers autour de réalités sociales, qu’il marque de son sceau poétique – une poétique qui inclut l’analyse – et donc de sa subjectivité.
Pendant plusieurs années le Bleu du Ciel a montré des créateurs engagés dans une pratique radicale mais non exhaustive de l’approche documentaire, face au monde contemporain, constituant un cursus uni dans une voie commune d’expression, mais présenté dans une suite temporelle, de cet esprit du temps sans cesse en mouvement.
Vingt ans, un beau jubilé, l’entrée dans l’âge adulte avec les responsabilités qui lui incombent… Durant ces deux décennies, nous nous étions fait la réflexion à maintes reprises : quel intérêt financier pouvait bien avoir l’artiste à venir exposer au Bleu du Ciel, puisqu’il n’était pas autorisé à vendre ses œuvres ? Ajouter une ligne à son curriculum et se faire connaître ? Sans doute. Recevoir quelques rares critiques de journaux provinciaux ou d’inserts numériques ? Peut-être. Il n’y avait en fait qu’une seule réponse : rencontrer le public, se confronter au regard de l’autre, car on ne crée pas pour soi-même.
Tandis que l’artiste confronte son doute et le rayonnement de sa subjectivité au monde extérieur, tandis qu’il se jette au-devant des croisements avec d’autres disciplines, il cherche à enfanter de nouvelles formes et à découvrir une vision nouvelle dans ces formes. Ce regard neuf, mêlant beauté et analyse, peut seul faire évoluer la conscience des spectateurs et changer, autant que faire se peut, leur compréhension du monde. Il faut militer désormais pour la vie et pour un art qui la représente dans son éternel renouvellement.
Tous seront les artisans de ces luttes pour des formes nouvelles dans le futur, car dans « la région humaine, le ciel est bleu ».
Gilles Verneret
C’est sur cette voie que s’est engagé depuis plus d’une décennie le Bleu du Ciel, qui a présenté des artistes comme Claire Chevrier, Julien Guinand, Karim Kal, Jürgen Nefzger, Dana Popa, Shai Kremer, Andrew Bush, Lynne Cohen, Arno Gisinger, Stanislas Amand, Sami Balodji et Mathieu Pernot - entre autres - chacun illustrant à sa manière ce rapport engagé avec le réel, conceptualisé, contextualisé, dans une pratique exigeante et distanciée.
La notion de « nouveau documentaire » n’est pas neuve, s’inscrivant dans le prolongement des aînés américains de New topographics mais renouvelant quelque peu le genre. Renouvellement qui consiste en une multiplicité d’expressions à travers différents médiums : tirages forme tableau, dos bleu collés, textes adjacents sur murs, etc. Cette multiplicité de médiums affiliés à l’image en général, croise aussi des connaissances transversales : anthropologiques, sociologiques, historiques, géographiques, urbanistiques, ou politico-psychologiques, qui deviennent consubstantielles aux images présentées ; la textualité soulignant la compréhension profonde de l’œuvre qui fait de l’artiste d’aujourd’hui un témoin sociétal qui organise son univers autour de réalités sociales, qu’il marque de son sceau poétique – une poétique qui inclut l’analyse – et donc de sa subjectivité.
Pendant plusieurs années le Bleu du Ciel a montré des créateurs engagés dans une pratique radicale mais non exhaustive de l’approche documentaire, face au monde contemporain, constituant un cursus uni dans une voie commune d’expression, mais présenté dans une suite temporelle, de cet esprit du temps sans cesse en mouvement.
Vingt ans, un beau jubilé, l’entrée dans l’âge adulte avec les responsabilités qui lui incombent… Durant ces deux décennies, nous nous étions fait la réflexion à maintes reprises : quel intérêt financier pouvait bien avoir l’artiste à venir exposer au Bleu du Ciel, puisqu’il n’était pas autorisé à vendre ses œuvres ? Ajouter une ligne à son curriculum et se faire connaître ? Sans doute. Recevoir quelques rares critiques de journaux provinciaux ou d’inserts numériques ? Peut-être. Il n’y avait en fait qu’une seule réponse : rencontrer le public, se confronter au regard de l’autre, car on ne crée pas pour soi-même.
Tandis que l’artiste confronte son doute et le rayonnement de sa subjectivité au monde extérieur, tandis qu’il se jette au-devant des croisements avec d’autres disciplines, il cherche à enfanter de nouvelles formes et à découvrir une vision nouvelle dans ces formes. Ce regard neuf, mêlant beauté et analyse, peut seul faire évoluer la conscience des spectateurs et changer, autant que faire se peut, leur compréhension du monde. Il faut militer désormais pour la vie et pour un art qui la représente dans son éternel renouvellement.
Tous seront les artisans de ces luttes pour des formes nouvelles dans le futur, car dans « la région humaine, le ciel est bleu ».
Gilles Verneret
Info+
Le Bleu du Ciel, 12, rue des Fantasques, 69001 Lyon © DR
Ouverture du mercredi au samedi de 14h30 à 19h
Entrée libre
infos@lebleuduciel.net
www.lebleuduciel.net
Entrée libre
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www.lebleuduciel.net