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Matisse en son temps, Fondation Pierre Gianadda Martigny, Suisse, du 20 juin au 22 novembre 2015

Artiste prolifique, curieux et sociable, Matisse a tout au long de sa carrière été au cœur des débats de la scène artistique : tour à tour, chef de mouvement avec les Fauves, disciple et ami de ses aînés Signac, Renoir, Maillol, Bonnard, maître d’une académie, champion rival de Picasso, précurseur d’un art pop pour de jeunes artistes tels ceux du mouvement Support Surface.


Henri Matisse, L'Algérienne, 1909. Huile sur toile, 81 x 65 cm. Centre Georges Pompidou © Succession H. Matisse / 2015, ProLitteris, Zurich
Henri Matisse, L'Algérienne, 1909. Huile sur toile, 81 x 65 cm. Centre Georges Pompidou © Succession H. Matisse / 2015, ProLitteris, Zurich

Montrer l’œuvre de Matisse à travers un contexte précis,

celui des amitiés et des échanges artistiques du peintre, permet une approche originale et riche fondée sur une correspondance et une documentation fournie et qui ouvre sur la présentation de chefs d’œuvre de l’art du XXe siècle de Matisse, Picasso, Gris, Braque, Derain, Severini, Léger, Bonnard...
Ces rencontres sont articulées en un parcours chronologique de l’œuvre peint et sculpté de Matisse mis en regard avec les œuvres des artistes avec qui il a dialogué, échangé. Quelques ponctuations thématiques (les odalisques, l’atelier) offrent de belles confrontations avec Picasso, Braque ou Bonnard.

L’exposition en neuf sections comprend plus d’une cinquantaine d’œuvres des collections du MNAM/Centre Pompidou ainsi que plusieurs pièces de collections muséales et particulières suisses.

1 L'atelier de Gustave Moreau
« En pleine Ecole des Beaux-arts, un foyer de révolte a été allumé, tous les insurgés contre la routine, tous ceux qui entendent se développer selon le sens de leur individualité se sont regroupés sous l’égide de Gustave Moreau» (Jacques Guenne, «Entretien avec Henri Matisse », L’art vivant, n°18, 1925)
L’exposition s’ouvre sur les débuts de Matisse et ses liens d’amitié artistique indéfectibles qu’il noue alors avec ses condisciples de l’atelier de Gustave Moreau à l’Ecole des Beaux- Arts : Marquet, Camoin, Manguin. Ils peignent alors ensemble des séries de tableaux à partir des mêmes motifs : cafetière, vue depuis l’atelier des quais de Seine, modèle dans l’atelier...

2 - Fauvisme
« La tendance dominante de la couleur doit être de servir le mieux possible l’expression. Je pose mes tons sans parti pris. Si au premier abord, et peut-être sans que j’en ai eu conscience, un ton m’a séduit ou arrêté, je m’apercevrai le plus souvent, une fois mon tableau fini, que j’ai respecté ce ton, alors que j’ai progressivement modifié et transformé tous les autres. Le coté expressif des couleurs s’impose à moi de façon purement instinctive » (Matisse, Ecrits et propos sur l’art)
Un second séjour dans le Midi, à Collioure l’été suivant en 1905 marque le départ de l’aventure du fauvisme sous l’égide de Matisse. Le scandale provoqué par l’exposition des toiles aux couleurs pures de Matisse et de ses amis Henri Manguin, André Derain, Maurice de Vlaminck, Charles Camoin et Albert Marquet, au Salon d’Automne de 1905 donne naissance à un mouvement auquel se rallie l’année suivante le jeune peintre Braque.

3 - Un regard analytique, l'influence du cubisme
« Le cubisme descend de Cézanne qui disait que tout est cylindrique ou cube. C’était une époque où nous ne nous sentions pas emprisonnés dans des uniformes, et ce que l’on pouvait découvrir d’audace et de nouveauté dans le tableau d’un ami appartenait à tous » (Henri Matisse. Ecrits et propos sur l’art, op. cit. p.120)
En septembre 1914, Matisse part pour Collioure où il retrouve Juan Gris. Les tableaux qu’il réalise alors sont très marqués par la réflexion menée par Picasso, Braque et Gris autour du cubisme. Matisse peint des vues de fenêtres, thème récurrent dans son œuvre et des portraits. Le tableau Porte-fenêtre à Collioure qui propose une grande simplification par un découpage de la fenêtre en bandes parallèles dans la lignée du travail de Gris exprime de manière éloquente cette assimilation du langage cubiste.

4 - Les années Niçoises, portraits et figures
Après le tumulte des années parisiennes, Matisse cherche à revenir à l’essentiel, il s’installe fin 1917 à Nice. Dans cette région au climat privilégié, Matisse fait la rencontre d’Auguste Renoir, visite l’atelier de Maillol, retrouve son ami Pierre Bonnard. C’est par le biais de l’école des Beaux Arts de Nice qu’il embauche de nouveaux modèles (Lorette à la tasse à café).
Matisse tout comme Picasso ou Derain participe de ce retour général au classicisme après la guerre, multipliant les œuvres intimistes – portraits et figures.

5 - Les odalisques

Marqués par ses séjours au Maroc, Matisse réinvente dans la lignée de Delacroix le thème exotique de l’odalisque. Ses modèles sont vêtus d’habits colorés orientalistes. L’espace est mis en scène par un jeu de d’accessoires, de fleurs et de tissus et confèrent à l’ensemble une atmosphère lascive et luxuriante.
Il place bien souvent ses figures devant une fenêtre tantôt ouverte donnant sur les palmiers de la baie de Nice tantôt volets fermés : « Les fenêtres m’ont toujours intéressé car elles sont un passage entre l’extérieur et l’intérieur. Quant aux odalisques, je les avais vues au Maroc, et je fus ainsi en situation de les mettre dans mes toiles sans faux semblant à mon retour en France » (Henri Matisse. Ecrits et propos sur l’art)
La densité de l’ornementation des espaces et de la couleur de ses œuvres influencera nombre d’artistes. Picasso, intéressé par cette période de Matisse travaille à ce thème quelques années plus tard et confie : « Quand Matisse est mort, il m'a laissé en héritage ses odalisques, et c'est mon idée de l'orient, bien que je n'y sois jamais allé. »

6 - L'atelier du Midi. Quête de la couleur
« La quête de la couleur ne m’est pas venue de l’étude d’autres peintures, mais de l’extérieur – c'est-à-dire de la révélation de la lumière dans la nature » (Henri Matisse. Ecrits et propos sur l’art, op. cit. p.115)
En s’installant dans le Midi, Matisse retrouve ses aînés, Renoir, Maillol, Bonnard avec lesquels il partage une même idée de la couleur à travers des œuvres intimistes – scènes d’intérieur, natures mortes ou portraits – transcendées par la lumière blonde méridionale.

7 - L'atelier. L'espace de la peinture
« Ma vie est entre les murs de mon atelier. » (Lettre à Pierre Matisse le 25 octobre 1940)
Matisse subit une première opération en 1941 qui l’oblige à passer une partie de son temps alité. Il s’accommode de cette lourde contrainte en explorant de nouvelles méthodes de travail.
Les années 1940 forment la saison du retour à la peinture et des « intérieurs » de Vence. Matisse place à nouveau le motif de la fenêtre au cœur de son travail. La représentation de l’atelier constitue alors un thème récurrent chez nombre de peintres – Picasso, Braque, Dufy ou Giacometti - comme image réflexive et autoréférentielle de la peinture.

8 - Modernismes : l'après-guerre
Au tournant de la seconde guerre mondiale, les grands artistes figuratifs – Matisse, Léger, Picasso, Dufy – infléchissent leur style vers un traitement graphique plus nerveux et schématique, vers une palette de couleurs primaires qui forment insensiblement écho au langage moderniste d’un Le Corbusier ou de Mondrian. Ainsi les peintures de Matisse réalisées après la grande décoration pour Barnes, retrouvent une économie formelle nouvelle qui aujourd’hui se rattache manifestement à l’esthétique des années 50.

9 - « Dessiner dans la couleur » : vers une couleur pop
Dans les années 1947, Matisse invente un nouveau procédé, la gouache découpée qui lui permet de découper « à vif » dans la couleur. « Au lieu de dessiner le contour et d’y installer la couleur – l’un modifiant l’autre – je dessine directement dans la couleur qui est d’autant plus mesurée qu’elle n’est pas transposée. Cette simplification garantit une précision dans la réunion des deux moyens qui ne font plus qu’un ».
Les nouvelles problématiques que Matisse fait naître ont des conséquences considérables sur le travail des artistes des générations suivantes. Ils ont relu, interprété, assimilé ou rendu hommage au maître, de l’expressionnisme abstrait au mouvement Support-surface avec Viallat ou Pincemin mais également Hantaï.

Pratique

Fondation Pierre Gianadda
Rue du Forum 59
1920 Martigny
Suisse
gianadda.ch
+41 27 722 39 78

Matisse en son siècle
En collaboration avec le Centre Pompidou, Paris
19 juin - 22 novembre 2015 : 9h. - 19h.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Samedi 9 Mai 2015 à 13:56 | Lu 923 fois

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