Depuis les années 1950 la Pologne est considérée dans le monde comme une terre de graphisme aux multiples talents ; un continent à elle seule où de belles pages d’histoire du design graphique se sont écrites. Comme à son habitude le Mois du graphisme abordera diverses thématiques sans prétendre à l’exhaustivité, mais suffisamment fouillées pour faire toucher des yeux une créativité artistique hors du commun et donner à réfléchir sur la liberté de création. Si l’essor de l’affiche polonaise date des années 1950 - ce qu’on appellera « l’école polonaise » - elle plonge ses racines dans le mouvement de la jeune Pologne de Cracovie à la toute fin du XIXe siècle.
Clandestine durant la Seconde Guerre mondiale, soumise au « réalisme socialiste » jusqu’en 1956, date à laquelle les « erreurs et déviations » du stalinisme sont dénoncées par le pouvoir, l’affiche puise dans la situation politique du pays les raisons de son renouveau. Le censeur - et les structures qu’il met en place - ont besoin de l’affiche pour dépasser une situation contradictoire : une identité nationale forte qui doit s’accommoder de la tutelle du « grand frère » soviétique, une église catholique puissante qui se revendique rempart de l’Occident et du catholicisme, et un pouvoir autoritaire organisé autour du parti unique - le POUP (parti ouvrier unifié polonais).
De grandes écoles artistiques, qui elles aussi puisent leurs racines dans la grande tradition picturale d’avant-guerre, sont à sa disposition : Varsovie, Cracovie… La peinture, les arts plastiques en général, l’art sous toutes ses formes sont soumis à une censure rigoureuse. La création considérée subversive est mise sous le boisseau.
C’est sans compter sur l’esprit de résistance qui l’anime. La dérision devient une arme face à l’absurde de la situation politique, révélant ainsi une vitalité à toute épreuve. L’affiche comme moyen de communication est soumise à une censure plus arrangeante pour la promotion des événements culturels (eux-mêmes soumis à la rigueur). Elle devient, de fait, le refuge de grands créateurs, et il faut bien le dire également, la possibilité de s’exprimer et vivre de leur art. Le cubisme et le surréalisme lui permettent de se démarquer du Bauhaus allemand et du constructivisme russe.
Renouant avec la France elle se libère du regard pesant de ses voisins immédiats. Ainsi s’affirme « la polonité » et se crée le mythe de l’école polonaise de l’affiche. Libérée de la publicité commerciale elle se dégage de l’obligation de résultat. Paradoxalement les expériences sont possibles, l’affiche se ressource et produit un style qui devient une référence pour les affichistes des quatre coins du monde. Des personnalités fortes émergent de ces contraintes : Henryk Tomaszewski, Jan Lenica, Roman Cieślewicz, Franciszek Starowieyski, Jan Młodożeniec, Waldemar Świerzy et d’autres encore, inventent une communication visuelle remarquable par ses qualités artistiques, son humour corrosif et une maitrise étonnante du second degré.
Que se passe-t-il depuis 1989 ?
Cette force créative forgée dans le contexte d’un régime totalitaire a-t-elle survécu à la reconquête démocratique et au libéralisme économique qui l’accompagne ? C’est l’éclairage que nous donnons à travers les expositions proposées. Dessins préparatoires, maquettes originales, affiches, couvertures de livres, photographies d’archives, films, dessins animés d’hier et d’aujourd’hui sont présentés dans une dizaine de lieux de l’agglomération grenobloise.
Diego Zaccaria
Directeur artistique du Centre du graphisme
Clandestine durant la Seconde Guerre mondiale, soumise au « réalisme socialiste » jusqu’en 1956, date à laquelle les « erreurs et déviations » du stalinisme sont dénoncées par le pouvoir, l’affiche puise dans la situation politique du pays les raisons de son renouveau. Le censeur - et les structures qu’il met en place - ont besoin de l’affiche pour dépasser une situation contradictoire : une identité nationale forte qui doit s’accommoder de la tutelle du « grand frère » soviétique, une église catholique puissante qui se revendique rempart de l’Occident et du catholicisme, et un pouvoir autoritaire organisé autour du parti unique - le POUP (parti ouvrier unifié polonais).
De grandes écoles artistiques, qui elles aussi puisent leurs racines dans la grande tradition picturale d’avant-guerre, sont à sa disposition : Varsovie, Cracovie… La peinture, les arts plastiques en général, l’art sous toutes ses formes sont soumis à une censure rigoureuse. La création considérée subversive est mise sous le boisseau.
C’est sans compter sur l’esprit de résistance qui l’anime. La dérision devient une arme face à l’absurde de la situation politique, révélant ainsi une vitalité à toute épreuve. L’affiche comme moyen de communication est soumise à une censure plus arrangeante pour la promotion des événements culturels (eux-mêmes soumis à la rigueur). Elle devient, de fait, le refuge de grands créateurs, et il faut bien le dire également, la possibilité de s’exprimer et vivre de leur art. Le cubisme et le surréalisme lui permettent de se démarquer du Bauhaus allemand et du constructivisme russe.
Renouant avec la France elle se libère du regard pesant de ses voisins immédiats. Ainsi s’affirme « la polonité » et se crée le mythe de l’école polonaise de l’affiche. Libérée de la publicité commerciale elle se dégage de l’obligation de résultat. Paradoxalement les expériences sont possibles, l’affiche se ressource et produit un style qui devient une référence pour les affichistes des quatre coins du monde. Des personnalités fortes émergent de ces contraintes : Henryk Tomaszewski, Jan Lenica, Roman Cieślewicz, Franciszek Starowieyski, Jan Młodożeniec, Waldemar Świerzy et d’autres encore, inventent une communication visuelle remarquable par ses qualités artistiques, son humour corrosif et une maitrise étonnante du second degré.
Que se passe-t-il depuis 1989 ?
Cette force créative forgée dans le contexte d’un régime totalitaire a-t-elle survécu à la reconquête démocratique et au libéralisme économique qui l’accompagne ? C’est l’éclairage que nous donnons à travers les expositions proposées. Dessins préparatoires, maquettes originales, affiches, couvertures de livres, photographies d’archives, films, dessins animés d’hier et d’aujourd’hui sont présentés dans une dizaine de lieux de l’agglomération grenobloise.
Diego Zaccaria
Directeur artistique du Centre du graphisme
Le mot du commissaire de l'exposition
L’essor de l’art de l’affiche en Pologne, dans les années 50, est lié à la centralisation et au contrôle des activités culturelles en Pologne (théâtre, cinéma, édition…), à la disparition des enjeux publicitaires dans une économie communiste et à l’apparition d’une génération spontanée de créateurs exceptionnels. Pour la plupart issus des écoles des beaux-arts de Varsovie et de Cracovie, les affichistes polonais ont immédiatement été célébrés hors de leurs frontières par la critique internationale et considérés comme faisant partie des meilleurs graphistes du monde par leurs confrères étrangers. Contournant une censure plutôt arrangeante, ils ont su forger, malgré leurs fortes personnalités artistiques, l’image d’un mouvement artistique global et totalement novateur.
L’exposition est consacrée aux fondateurs de l’école polonaise de l’affiche. Dessins préparatoires, maquettes originales, couvertures de livres voisinent avec les affiches les plus emblématiques de ces auteurs. Les générations suivantes, notamment celle qui prit la suite dans les années 80, sont également présentées. Tout en perpétuant l’exigence et l’inventivité des pionniers souvent formés par leurs prédécesseurs, ces créateurs d’affiches ont su épouser les évolutions de la société polonaise et du monde extérieur.
Cette vaste exposition montre également la vitalité du graphisme d’aujourd’hui en Pologne. Forts de la formidable tradition graphique léguée par les générations précédentes et d’une éducation artistique de très haut niveau, les créateurs contemporains perpétuent un élan visuel et typographique qui caractérise le pays. Ils continuent d’inventer de nouvelles formes et investissent de nouveaux supports papier ou numériques : affiches, livres, revues, identités visuelles, vidéos…
Michel Bouvet
Commissaire de l'exposition
L’exposition est consacrée aux fondateurs de l’école polonaise de l’affiche. Dessins préparatoires, maquettes originales, couvertures de livres voisinent avec les affiches les plus emblématiques de ces auteurs. Les générations suivantes, notamment celle qui prit la suite dans les années 80, sont également présentées. Tout en perpétuant l’exigence et l’inventivité des pionniers souvent formés par leurs prédécesseurs, ces créateurs d’affiches ont su épouser les évolutions de la société polonaise et du monde extérieur.
Cette vaste exposition montre également la vitalité du graphisme d’aujourd’hui en Pologne. Forts de la formidable tradition graphique léguée par les générations précédentes et d’une éducation artistique de très haut niveau, les créateurs contemporains perpétuent un élan visuel et typographique qui caractérise le pays. Ils continuent d’inventer de nouvelles formes et investissent de nouveaux supports papier ou numériques : affiches, livres, revues, identités visuelles, vidéos…
Michel Bouvet
Commissaire de l'exposition
Pratique
Centre du graphisme d’Échirolles
1 place de la Libération
38130 Échirolles
☎ 04 76 23 64 65
Les rendez-vous au Centre du graphisme : Nocturne – de 19h à 22h
Les jeudis 29 novembre, 6 décembre et 17 janvier
Entrée libre
Horaires d’ouverture :
du lundi au vendredi de 14h à 17h30 et du samedi au dimanche de 14h à 18h.
Accueil du public scolaire le matin sur rendez-vous.
1 place de la Libération
38130 Échirolles
☎ 04 76 23 64 65
Les rendez-vous au Centre du graphisme : Nocturne – de 19h à 22h
Les jeudis 29 novembre, 6 décembre et 17 janvier
Entrée libre
Horaires d’ouverture :
du lundi au vendredi de 14h à 17h30 et du samedi au dimanche de 14h à 18h.
Accueil du public scolaire le matin sur rendez-vous.