La légende crétoise du monstre, être hybride, moitié humain, moitié bovin, enfermé par Dédale dans un labyrinthe et qui, pour satisfaire son appétit, réclame aux Athéniens un tribut de jeunes vierges et d'éphèbes, avant d'être tué par Thésée, fait ici l'objet d'une iconographie néo-classique avec les sculptures de Canova (1784), de Jules Ramey, de Barye (1843), et les compositions spectaculaires de Charles-Edouard Chaise (1791), de Jean-Baptiste Peytavin (1802), et surtout celle de Gustave Moreau (1854) montrant Thésée et ses compagnons guettant l'approche du monstre à l'entrée du labyrinthe.
Picasso rompt avec cette tradition et fait incarner au Minotaure la métaphore de ses relations amoureuses avec les femmes, la personnification sensuelle de l'artiste en démiurge, l'expression du pouvoir de l'irrationnel et la puissance de l'inconscient, l'image archétypale de la lutte d'Eros et de Thanatos. Il l'apparente aussi à l'incessant jeu d'esquives et d'estocades de la corrida et à la forme hybride du dieu Pan exprimant sa vitalité au sein des bacchanales. . . C'est au demeurant Pablo Picasso lui-même, coiffé d'un masque de taureau en rotin, qui accueille le visiteur en posant en 1949 sur la plage de Golfe-Juan, pour un photographe américain du magazine Life.
Olivier Le Bihan, commissaire général de cette intéressante exposition, rend également hommage à la revue surréaliste Minotaure d'Albert Skira (1933-1939) dont Picasso dessine la couverture, à l'ouvrage de Georges Bataille, « Sacrifices » (1936), à Gide, à Marguerite Yourcenar, interprètes du mythe, au peintre Ernest Pignon-Ernest, et même à une chanson de Barbara, écrite par François Wertheimer en 1973.
Initiative du musée national Picasso-Paris, ce parcours spécifique de l'oeuvre du peintre fait partie d'une manifestation culturelle internationale intitulée : « Picasso-Mediterranée 2017-2019. »
Philippe Oualid
Picasso rompt avec cette tradition et fait incarner au Minotaure la métaphore de ses relations amoureuses avec les femmes, la personnification sensuelle de l'artiste en démiurge, l'expression du pouvoir de l'irrationnel et la puissance de l'inconscient, l'image archétypale de la lutte d'Eros et de Thanatos. Il l'apparente aussi à l'incessant jeu d'esquives et d'estocades de la corrida et à la forme hybride du dieu Pan exprimant sa vitalité au sein des bacchanales. . . C'est au demeurant Pablo Picasso lui-même, coiffé d'un masque de taureau en rotin, qui accueille le visiteur en posant en 1949 sur la plage de Golfe-Juan, pour un photographe américain du magazine Life.
Olivier Le Bihan, commissaire général de cette intéressante exposition, rend également hommage à la revue surréaliste Minotaure d'Albert Skira (1933-1939) dont Picasso dessine la couverture, à l'ouvrage de Georges Bataille, « Sacrifices » (1936), à Gide, à Marguerite Yourcenar, interprètes du mythe, au peintre Ernest Pignon-Ernest, et même à une chanson de Barbara, écrite par François Wertheimer en 1973.
Initiative du musée national Picasso-Paris, ce parcours spécifique de l'oeuvre du peintre fait partie d'une manifestation culturelle internationale intitulée : « Picasso-Mediterranée 2017-2019. »
Philippe Oualid