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Puccini, chorégraphie de Julien Lestel pour sa compagnie, Opéra de Marseille le 23 Novembre 2014, par Philippe Oualid

Julien Lestel a présenté à l'Opéra de Marseille sa dernière création sur les héroïnes de Puccini, inspirée par les célèbres arias de Manon Lescaut, La Bohème, Sœur Angélique, Tosca, Madame Butterfly, qu'il a choisi d'illustrer par une gestuelle néo-classique, précise, efficace, répétitive, ce qui donne aux discours amoureux chantés par des sopranos, des ténors ou des basses, une tonalité à la fois baroque et romantique tout à fait impressionnante.


© Opéra de Marseille
© Opéra de Marseille
Excepté quelques pendillons en fond de scène pour modeler l'atmosphère dramatique, le spectacle mis en valeur par les très seyants costumes de Patrick Murru, et les belles lumières de Vaimatapako, se donne sur le plateau nu de l'Opéra, laissant aux dix danseurs, tous remarquables, le moyen de s'exprimer avec puissance et emphase, afin de rendre hommage à ce compositeur de génie.

Après un prologue qui convoque tous les danseurs dans des élévations éblouissantes, apparaissent les silhouettes féminines qui vont incarner successivement les différentes héroïnes : Julie Azi sur « Un bel di vedremo » de Madame Butterfly, Mara Whittington sur « Sola, perdita, abbandonata » de Manon, Aurora Licitra sur « O mio babbino caro » de La Bohème, ou Stéfania Di Renzo, cantatrice tragédienne en Tosca. Julien Lestel exécute dans l'intervalle avec Fanny Fiat, un fascinant pas de deux sur un tapis lumineux qui se déroule à travers le plateau.

Quant aux garçons, omniprésents (Gilles Porte, Nicolas Noël, Marco Vesprini, Yvan Julliard) ils multiplient avec énergie, ports de bras et pliés, pour traduire, par le geste, les évocations pathétiques du passé. On est particulièrement subjugué lorsque Gilles Porte, sur l'air célèbre de Tosca : « E lucevan le stelle », inscrit de manière bouleversante, la remémoration déchirante d'une scène d'amour qui dit que jamais plus le bonheur ne reviendra tel quel, et plus encore lorsque Julien Lestel traverse discrètement la scène, perdu parmi ses danseurs comme une ombre empreinte de tristesse majestueuse.
Profondément silencieuse et recueillie pendant toute la représentation, la salle exulte au moment des applaudissements, et fait un triomphe à cette excellente compagnie marseillaise, solidaire et distinguée.
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 25 Novembre 2014 à 01:57 | Lu 562 fois

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