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Raymond Depardon, 1962-1963, photographe militaire, double exposition à Toulon et Paris

Toulon, Musée national de la Marine, du 17 mai au 30 décembre 2019.
Paris, Musée du Service de santé des armées (École du Val-de-Grâce), du 1er octobre 2019 au 30 janvier 2020.


Raymond Depardon pendant son reportage consacré à la vie quotidienne de l’escorteur Le Picard, Toulon, 1962-1963 © Photographe inconnu/Archives privées R. Depardon/DER1964xxxW0001
Raymond Depardon pendant son reportage consacré à la vie quotidienne de l’escorteur Le Picard, Toulon, 1962-1963 © Photographe inconnu/Archives privées R. Depardon/DER1964xxxW0001
Célèbre pour son œuvre photographique et ses réalisations cinématographiques, Raymond Depardon est un témoin sensible et engagé des époques qu'il traverse, des territoires qu'il arpente et des habitants qu'il rencontre.
Pour la première fois, le musée national du Service de santé des armées, l'Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) et la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives (DPMA), présentent, en étroite collaboration avec l'artiste, une sélection de 100 photographies prises pendant son service militaire entre juillet 1962 et août 1963.

Raymond Depardon est alors affecté comme photographe à la rédaction du magazine des armées Terre Air Mer (TAM), le "Paris Match militaire". Il y réalise plus de 2 000 photographies, conservées et intégralement numérisées à l'ECPAD (agence d'images de la Défense).
Ce corpus de jeunesse, jamais présenté, met en lumière une autre facette de la carrière de Raymond Depardon et illustre la genèse d'un regard dont la richesse du parcours est aujourd'hui mondialement saluée.

Présentation par Cristina Baron et Lucie Moriceau-Chastagner, Commissaires scientifiques de l’exposition

Célèbre pour son œuvre photographique, ses réalisations cinématographiques et ses nombreux ouvrages dans lesquels il tisse un dialogue réflexif entre texte et image, Raymond Depardon est un auteur total, sans frontières ni limites, un témoin sensible et engagé des époques qu’il traverse, des territoires qu’il arpente et des habitants qu’il rencontre.

Riche d’un parcours débuté enfant au sein de la ferme familiale à Villefranche-sur-Saône, Raymond Depardon s’est souvent raconté, notamment dans son autobiographie, La ferme du Garet (1995). Pourtant, une zone floue demeure: quels souvenirs précis conserve-t-il de son service militaire ?

À vingt ans, Raymond Depardon, pigiste pour l’agence Dalmas, s’est déjà illustré professionnel- lement et publie régulièrement dans les grands quotidiens et magazines d’informations nationales: France-Soir, Paris Match, etc. Au cours d’un repor- tage en Algérie, en 1960, il rencontre des photo- graphes militaires du journal Bled, qui lui donnent l’idée de faire son service au sein de la revue des armées. Affecté à la rédaction parisienne de TAM (Terre Air Mer magazine) au grade de brigadier en juillet 1962, Raymond Depardon découvre une atmosphère de travail très libre rassemblant des officiers et des conscrits issus du monde des arts et du journalisme.

Au fil des images de Raymond Depardon et dans le défilement des articles de la revue, se dessinent décors et histoires, petites et grandes. Celle de l’aventure d’un Paris Match militaire, TAM magazine, titre phare né dans la tempête de la guerre d’Algérie pour mieux lui tourner le dos et envisager un avenir à construire, dans lequel l’armée doit se réinventer. Des archives de la revue surgissent des noms d’anciens appelés aujourd’hui célèbres: Philippe Labro, Jacques Séguéla, Francis Veber, parmi toute une nombreuse équipe de photo- graphes et de journalistes aux quatre cents coups sous l’uniforme qui, dans l’énergie de leurs vingt ans, contribuent à cette transformation médiatique de l’instrument guerrier vers une armée de métier. Pour le compte de TAM, entre les mois de juillet 1962 et d’août 1963, Raymond Depardon entreprend un véritable tour de France militaire aux côtés des différentes unités et photographie du sol, du ciel et de la mer, réalisant ainsi un panorama du territoire métropolitain, pour des entraînements ou des événements sportifs, pour des sujets de sociétés ou institutionnels. Il expérimente sans cesse à l’aide du Rolleiflex grand angle dont la revue le dote, saisit sur la pellicule une armée française engagée dans le bond technologique des « Trente Glorieuses » et fixe le portrait d’une génération : « Apprenez à diriger infailliblement votre œil vers la photo à faire, comme un chasseur à la recherche de sa proie ; apprenez à faire de l’objectif de votre appareil le prolongement instantané de votre œil exercé, en un mot, apprenez
à photographier comme vous respirez ».

Depuis leur parution dans le magazine, les images de Raymond Depardon n’ont plus jamais été vues: une production singulière d’un reporter parmi d’autres, goutte d’eau dans l’océan de la centaine de milliers d’images qui illustrent la revue TAM.
Pour Raymond Depardon, ces photographies aux armées étaient lointaines, un souvenir presque enfoui d’une époque où il ne se considérait pas encore auteur, trois ans à peine avant la création de l’agence Gamma (1966) qui inaugure la naissance d’un acte photographique indépendant.

Ce corpus de jeunesse, uniquement constitué de négatifs et de planches contacts, est conservé au sein des archives de TAM, à l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), l’héritier des sections cinématographiques et photographiques de l’armée créés en 1915, installé au fort d’Ivry-sur- Seine depuis 1946. Le travail effectué sur ce fonds et la numérisation de l’intégralité des photographies en 2014 a mis au jour une facette inédite du parcours de Raymond Depardon: entre grandes manœuvres militaires et sujets sociétaux, le photographe, pourtant en ser- vice commandé, éprouve déjà son art avec une grande liberté.

Au diapason d’une génération en uniforme, Raymond Depardon délivre un inventaire sensible de la France des années 60, déjà empreint d’une douce distance et d’une conscience du territoire qui constitueront, des années plus tard, la signature d’un grand regard.

Pratique

Musée National de la Marine de Toulon
Place Monsenergue
Quai de Norfolk
83000 Toulon
S’y rendre : Gare de Toulon (15 min. à pied) / Bus 7, 23 et 40 (Préfecture maritime)
Ouverture
Septembre - juin : tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h Juillet - août : tous les jours de 10h à 18h
Fermé le 14 juillet, le 25 décembre
TARIFS
Plein tarif 6,50 € / Tarif réduit 5,50 €
Le ticket d’entrée donne accès aux collections permanentes et et aux expositions temporaires.
www.musee-marine.fr


Musée du service de santé des armées école du Val-de-Grâce
1 place Alphonse Laveran
75005 Paris
S’y rendre : RER A et B (Port Royal) / M6 Saint-Jacques - M7 Censier-Daubenton / Bus 83 et 91 (Port Royal Saint-Jacques) - Bus 21 et 27 : Feuillantines
Ouverture
Du mardi au jeudi et le week-end de 12h à 18h Fermé les 25 décembre et 1er janvier
Tarifs
Plein tarif 5 € / Tarif réduit 2,50 €
Le ticket d’entrée donne accès aux collections permanentes et temporaires.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 24 Avril 2019 à 14:44 | Lu 384 fois

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