Dear Victoria, 2016-en cours
Rayyane Tabet explore des récits tirés de son vécu et de recherches personnelles, pour offrir une lecture alternative d’événements majeurs de l’histoire.
L’exposition Fragments, qui se concentre sur les fouilles archéologiques menées au tournant du 20e siècle par le diplomate et historien Allemand Max von Oppenheim dans le Nord-Est de la Syrie, rassemble des œuvres réalisées au fur et à mesure des interventions de l’artiste à Marrakech, Paris, Berlin, Rotterdam et Hambourg.
Sur fond d’un contexte géopolitique complexe, Tabet réassemble les reliquats du palais de Tell Halaf, produit des frottages des pierres de basalte, réunit les fragments de tapis et collectionne des tentes militaires. Les fouilles archéologiques de Max von Oppenheim deviennent alors la source d’un questionnement autour de l’héritage, des techniques de préservation, des pratiques muséologiques, de l’espionnage. Une histoire que Tabet dévoile, associant des épisodes personnels à des figures éminentes de l’histoire ; et qui est le point de départ d’un questionnement autour du patrimoine familial, de la conservation des vestiges archéologiques, de l’appropriation culturelle et des flux migratoires.
Fragments se compose d’une performance, de dessins, de sculptures, de biens personnels et de ready-made, qui forment ensemble une vaste installation pluridisciplinaire. Traversant les âges, les générations et les continents, l’exposition explore les déconstructions et reconstructions de vestiges, conséquences d’« accidents de l’histoire ».
Tout a commencé par une histoire d’espionnage :
en 1929, les autorités mandataires françaises désignèrent l’arrière-grand-père de Tabet, Faek Borkhoche, secrétaire personnel de von Oppenheim ; pour officieusement rassembler des informations sur les fouilles menées dans le village de Tell Halaf en Syrie. A l’époque, le gouvernement allemand avait besoin de cartes géographiques détaillées de l’Afrique du Nord et du Levant pour une potentielle offensive. Mais les territoires étant sous occupations britannique et française, les agents de renseignements étaient envoyés sous couvert d’expéditions archéologiques et ethnographiques. Les autorités françaises étant au fait des déplacements de von Oppenheim entre la Syrie et la Turquie pendant 30 ans, le suspectaient d’être un de ces agents ayant pour mission de radicaliser les tribus bédouines, et de les préparer pour une opération clandestine contre les autorités coloniales.
En réalité, von Oppenheim avait accidentellement découvert un palais Hittite en 1899, et ne s’intéressait à Tell Halaf que pour son site archéologique. Lorsque son expédition toucha à sa fin, les vestiges furent répartis entre l’archéologue, les autorités françaises, et la Syrie, dont la part forma la collection principale du Musée National d’Alep inauguré en 1931. A son retour à Berlin, Oppenheim essaya en vain de placer sa part dans le Musée de Pergame, décidant finalement d’ouvrir son propre Musée de Tell Halaf dans une usine abandonnée à Charlottenburg, et de raconter ses expéditions par écrit.
En 1943, suite à un raid aérien de nuit sur Berlin, le bâtiment du Musée de Tell Halaf et une grande partie des objets furent détruits. Seules de grandes statues de basalte survécurent aux flammes. Mais le choc thermique provoqué par la différence de température entre l’eau froide utilisée par les pompiers pour éteindre l’incendie, et la pierre chaude, finit de détruire les statues. Malgré les difficultés, le directeur du Musée du Proche Orient Antique à Berlin parvint à rassembler les fragments dans des caisses à la demande de von Oppenheim. En août 1944, 27,000 fragments de basalte furent acheminés vers les sous- sols du Musée de Pergame. Suite à la réunification de l’Allemagne en 1990, un groupe de conservateurs fut autorisé à accéder aux fragments et amorça en 2001 la reconstruction de la façade du palais de Tell Halaf, en se référant aux notes de von Oppenheim. Lorsque l’arrière-grand-père de Tabet décéda en 1981, il n’avait aucun bien de valeur à léguer à ses enfants, et ne leur laissa qu’un tapis en poils de chèvre que les bédouins de Tell Halaf lui avaient offert en 1929.
L’exposition est accompagnée de la seconde édition du catalogue Fragments, pensé par Rayyane Tabet et publié aux éditions Kaph Books.
Textes de Rayyane Tabet et Jean-Marc Prevost en anglais/français/arabe
312 pages, couverture entoilée et embossée
L’exposition Fragments, qui se concentre sur les fouilles archéologiques menées au tournant du 20e siècle par le diplomate et historien Allemand Max von Oppenheim dans le Nord-Est de la Syrie, rassemble des œuvres réalisées au fur et à mesure des interventions de l’artiste à Marrakech, Paris, Berlin, Rotterdam et Hambourg.
Sur fond d’un contexte géopolitique complexe, Tabet réassemble les reliquats du palais de Tell Halaf, produit des frottages des pierres de basalte, réunit les fragments de tapis et collectionne des tentes militaires. Les fouilles archéologiques de Max von Oppenheim deviennent alors la source d’un questionnement autour de l’héritage, des techniques de préservation, des pratiques muséologiques, de l’espionnage. Une histoire que Tabet dévoile, associant des épisodes personnels à des figures éminentes de l’histoire ; et qui est le point de départ d’un questionnement autour du patrimoine familial, de la conservation des vestiges archéologiques, de l’appropriation culturelle et des flux migratoires.
Fragments se compose d’une performance, de dessins, de sculptures, de biens personnels et de ready-made, qui forment ensemble une vaste installation pluridisciplinaire. Traversant les âges, les générations et les continents, l’exposition explore les déconstructions et reconstructions de vestiges, conséquences d’« accidents de l’histoire ».
Tout a commencé par une histoire d’espionnage :
en 1929, les autorités mandataires françaises désignèrent l’arrière-grand-père de Tabet, Faek Borkhoche, secrétaire personnel de von Oppenheim ; pour officieusement rassembler des informations sur les fouilles menées dans le village de Tell Halaf en Syrie. A l’époque, le gouvernement allemand avait besoin de cartes géographiques détaillées de l’Afrique du Nord et du Levant pour une potentielle offensive. Mais les territoires étant sous occupations britannique et française, les agents de renseignements étaient envoyés sous couvert d’expéditions archéologiques et ethnographiques. Les autorités françaises étant au fait des déplacements de von Oppenheim entre la Syrie et la Turquie pendant 30 ans, le suspectaient d’être un de ces agents ayant pour mission de radicaliser les tribus bédouines, et de les préparer pour une opération clandestine contre les autorités coloniales.
En réalité, von Oppenheim avait accidentellement découvert un palais Hittite en 1899, et ne s’intéressait à Tell Halaf que pour son site archéologique. Lorsque son expédition toucha à sa fin, les vestiges furent répartis entre l’archéologue, les autorités françaises, et la Syrie, dont la part forma la collection principale du Musée National d’Alep inauguré en 1931. A son retour à Berlin, Oppenheim essaya en vain de placer sa part dans le Musée de Pergame, décidant finalement d’ouvrir son propre Musée de Tell Halaf dans une usine abandonnée à Charlottenburg, et de raconter ses expéditions par écrit.
En 1943, suite à un raid aérien de nuit sur Berlin, le bâtiment du Musée de Tell Halaf et une grande partie des objets furent détruits. Seules de grandes statues de basalte survécurent aux flammes. Mais le choc thermique provoqué par la différence de température entre l’eau froide utilisée par les pompiers pour éteindre l’incendie, et la pierre chaude, finit de détruire les statues. Malgré les difficultés, le directeur du Musée du Proche Orient Antique à Berlin parvint à rassembler les fragments dans des caisses à la demande de von Oppenheim. En août 1944, 27,000 fragments de basalte furent acheminés vers les sous- sols du Musée de Pergame. Suite à la réunification de l’Allemagne en 1990, un groupe de conservateurs fut autorisé à accéder aux fragments et amorça en 2001 la reconstruction de la façade du palais de Tell Halaf, en se référant aux notes de von Oppenheim. Lorsque l’arrière-grand-père de Tabet décéda en 1981, il n’avait aucun bien de valeur à léguer à ses enfants, et ne leur laissa qu’un tapis en poils de chèvre que les bédouins de Tell Halaf lui avaient offert en 1929.
L’exposition est accompagnée de la seconde édition du catalogue Fragments, pensé par Rayyane Tabet et publié aux éditions Kaph Books.
Textes de Rayyane Tabet et Jean-Marc Prevost en anglais/français/arabe
312 pages, couverture entoilée et embossée
Pratique
Carré d'Art-Musée d'art contemporain
Place de la Maison Carrée
30000 Nîmes
Tél. : 04 66 76 35 70
info@carreartmusee.com
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