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11 au 23 avril, Hippolyte et La Troade, tragédies baroques, de Robert Garnier, mise en scène Christian Schiaretti avec la 68ème promotion de l’ENSATT

La 68ème promotion de l’ENSATT retrouve avec plaisir Christian Schiaretti, directeur du TNP, pour explorer deux oeuvres de Robert Garnier : Hippolyte et La Troade, tragédies baroques d’inspiration grecque, qui seront présentées en avril 2009.


11 au 23 avril, Hippolyte et La Troade, tragédies baroques, de Robert Garnier, mise en scène Christian Schiaretti avec la 68ème promotion de l’ENSATT



Toutes deux inscrites dans le contexte instable de la fin du XVIe siècle, l’une, Hippolyte se présente comme un drame familial écrit pendant une période d’accalmie des guerres civiles.
L’autre, La Troade en revanche est le reflet d’une période de guerres, de persécutions et d’exécutions,
dans un royaume de France ravagé par les oppositions entre protestants et catholiques depuis 1562, année des premiers événements marquants des guerres de religion.
Toujours dans la même tradition de redécouverte de textes méconnus du patrimoine national, Christian Schiaretti assisté de Mohamed Brikat, a choisi cette fois deux textes du second XVIème siècle dans lesquels la langue complexe et résistante déborde d’images poétiques déroutantes.
Les comédiens s’activent d’ores et déjà à la mise en bouche de cette langue rustique et raffinée, dans l’optique de trouver l’aisance naturelle et la musicalité d’ensemble qui seront nécessaires à leur performance.
La mise en scène cherchera à faire revivre un monde de capes et d’épées empreint de violences et de préciosités, à l’image d’une robe corsetée et tachée de sang comme celle de la Reine Margot…

«Et pourtant quelle langue!» par Christian Schiaretti

On ne monte pas ou très peu le théâtre du XVIè siècle, d’ailleurs on ne le lit pas non plus, à peine si on l’enseigne. Nos lunettes sont classiques. Déjà nous dédaignons Corneille et ignorons les baroques. Alors pensez ce XVIè siècle s’ouvrant sur les promesses d’une aube grecque renouvelée et s’achevant dans les fureurs complexes des guerres de religion ! Il faut un Dumas pour nous en révéler l’attrait par un contour littéraire ; et la Reine Margot nous le suggère bien plus que Porcie, Marc Antoine, Antigone, Hippolyte ou La Troade, oeuvres majeures du siècle mais renvoyées à l’opacité de leur langue.
Et pourtant quelle langue ! La langue française est alors dans l’avril de ses jours, toute étonnée de ses capacités, toute intuitive de son avenir, neuve. Encore sauvage, à peine dressée, elle a les naïvetés et la puissance des jeunes animaux et Garnier l’expérimente avec merveille. Il met tout son art au service d’une mise en tension de cette langue française par le travail savant du vers et le démon imagé de son lexique. Il faut d’ailleurs entendre dans l’homophonie un aveu de qualité. Travail du vers, travail du verre. Il s’agit de cristal ici, et de souffle.
Garnier place l’avenir de notre langue entre rigueur classique et profusion baroque dans l’équilibre exact de la puissance d’un fleuve endigué.
Puissance du verbe. D’emblée, le lecteur est saisi par l’énergie de la diction, l’évidence d’une langue envoûtante, somptueuse et fleurie, aussi noble que les enjeux sont graves. Majestueux le style de Garnier est aussi copieux. Contrairement au principe d’économie du XVIIè siècle.
Le verbe ici se dilate. Dans la prison tragique, la grandiloquence est l’ultime recours des misérables qui ne peuvent espérer qu’en l’efficacité de leur parole.
Si la tragédie, selon Garnier, est un poème à son regret propre aux malheurs de son siècle, c’est que, comme le dit d’Aubigné au nom de beaucoup d’autres « Ce siècle n’est rien qu’une histoire tragique ». Témoins de carnages, victimes de la barbarie des armes et du fanatisme des croyances, les hommes d’alors comparent volontiers leur destin à celui des héros accablés de la tragédie antique. Une pensée largement répandue, en cette fin du XVIè siècle, reconnaissait dans le déchirement des luttes religieuses un châtiment divin.

Pratique

Hippolyte et La Troade de Robert Garnier mises en scène par Christian Schiaretti, assisté de
Mohamed Brikat du samedi 11 au jeudi 23 avril 2009.
Spectacles tous les soirs à 20 h, y compris le lundi de Pâques (relâche le dimanche)
Plein tarif : 8 Euros- Tarif réduit : 3 Euros
Réservations du lundi au vendredi de 16h à 19h
à partir du lundi 30 mars au 04 78 15 05 07
ou production@ensatt.fr
Accès :
Bus 46 ou 49D (arrêt St Irénée)
Bus 30, 49, 73 (arrêt St Alexandre)
Funiculaire (arrêt St Just)
Adresse :
Ecole Nationale Supérieure des Arts & Techniques du Théâtre
4, rue Soeur Bouvier – Lyon 5ème

pierre aimar
Mis en ligne le Vendredi 27 Mars 2009 à 22:16 | Lu 2134 fois

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