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60 ans d'art urbain à Paris - 15 oct. 22 - 11 fév. 23, Hôtel de Ville

Depuis déjà quelques décennies, l’art s’est approprié le plus grand musée du monde : la rue. Entre incarnation de la liberté d’expression et prise de conscience sociétale, une nouvelle génération d’artistes a investi l’espace public, provoquant une véritable révolution visuelle.


André, Untitled, "Je peins avec mon sang" © Collection Gallizia Paris.jpg
André, Untitled, "Je peins avec mon sang" © Collection Gallizia Paris.jpg

ASH, Vandal, 1985 © ASH
ASH, Vandal, 1985 © ASH
Si sa légitimité s’est déployée sous la plume des journalistes et au sein des musées, l’art urbain est bien né dans la rue et il s'agit du mouvement artistique le plus important du XXIe siècle. L’histoire de l’art est en marche sous nos yeux, en particulier à Paris, l'une des scènes les plus importantes de ce courant. La Ville de Paris s’empare du sujet et accueille, à partir du 15 octobre, dans la salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville, une grande exposition sur l’histoire de l'art urbain.

À travers les créations de plus de 70 artistes, des œuvres de collections prestigieuses, des documents d’archives, des interventions in situ, des réalisations hors-les-murs à l’échelle de toute la ville, l’exposition « CAPITALE(S) » dresse un panorama riche et pointu de ce mouvement et de l’importance de la scène parisienne dans son développement sur plus de soixante années d’histoire.

SWOON, Kamayura, 2015 © Courtesy Galerie LJ
SWOON, Kamayura, 2015 © Courtesy Galerie LJ

Parcours de l'exposition

Riche de son passé, Paris incarne aussi l’histoire de l’art en marche, celle qui s’écrit sous nos yeux. Cette ville où Gertrude Stein recevait il y a près d’un siècle dans son salon de la rue de Fleurus les jeunes talents, qu’étaient Picasso et Hemingway bouscule à nouveau les codes de la création.

Depuis quelques décennies, une révolution visuelle est à l’œuvre. Elle dérange comme ont pu le faire les impressionnistes puis les cubistes en leur temps. D’aucuns ont du mal à y voir de l’Art. Et pourtant, il s’agit ici de la forme artistique la plus importante du XXIe siècle, et une fois de plus, la capitale a joué un rôle extrêmement important dans l’émergence de ce mouvement trop souvent réduit à ses origines américaines. Croiser les Picasso des temps modernes au quotidien, les voir à l’œuvre dans nos rues et nos lieux d’expositions, est une chance qu’il ne faut pas laisser passer.

Paris joue deux rôles prépondérants dans l’histoire de l’art urbain. Tout d’abord, en tant que cité de patrimoine et d’art, la ville inspire par la richesse de son patrimoine et de ses expositions les nouvelles générations qui y apparaissent.
Mais au-delà de ces artistes dont la vocation émerge sur son sol, Paris est aussi une terre d’accueil qui, au cours de l’histoire du mouvement, a attiré des créateurs venus de tous bords. Cette mise en relation a permis de renouveler, au contact des talents locaux, la pratique et d’enrichir les formes d’expression originelles, qu’elles soient originaires d’outre-Atlantique et plus marquées par le graffiti, ou européennes et plus proches du pochoir.
Du fait de ce double mouvement de va-et-vient d’artistes venus d’ici et d’ailleurs, Paris s’impose à travers les décennies comme l’une des capitales incontournables de l’art urbain. Rares sont les villes qui, dans ce mouvement mondial, ont autant compté et offrent un tel récit jamais interrompu.

Les précurseurs
À Paris, l’aventure de l’art urbain commence en amont du graffiti. Peintures et écritures murales, affiches, pochoirs et collages constituent un terreau favorable à l’arrivée de cette pratique en France.
Dans les années 1960-70, les précurseurs comme Villeglé, Raymond Hains, Ernest Pignon-Ernest ou Zlotykamien ouvrent la voie à des explorations urbaines. Les murs de Paris deviennent alors, comme le dit le pochoiriste Edmond Marie Rouffet “la plus grande galerie d’Europe”, exposant pêle-mêle les rongeurs de Blek le Rat, les chauves-souris de Surface Active, les animaux de la Savane de Mosko, les robots de Captain Fluo, les portraits de stars et d’anonymes signés Jef Aérosol.
Apparaît aussi la silhouette de l’homme blanc créée par Jerôme Mesnager. Cette période d’activité urbaine intense permet l’éclosion de collectifs d’artistes tels que les VLP (Vive la Peinture) affiliés à la culture punk ou encore les Frères Ripoulin.

Paris, vitrine mondiale
Au début des années 2000, forte de la créativité qui s’y exprime et des espaces où le graffiti s’épanouit, Paris devient une vitrine mondiale de l’art urbain et une destination incontournable.
Le fait que la capitale soit si attractive et dynamique contribue à perpétuer l’image d’une ville terre d’asile pour tous les créateurs. Les artistes du monde entier viennent y montrer leur pratique, leur dextérité et l’originalité de leur démarche.
Ainsi des talents comme le Californien Shepard Fairey (connu sous le nom d’Obey) et la New-yorkaise Swoon, le Britannique Banksy ou encore le Portugais Vhils, tous, comme le Français JR, viennent ou reviennent participer à cet essor. Ils offrent à Paris des témoignages profonds de leur inspiration sans cesse renouvelée. Certains d’entre eux voient même leurs œuvres officiellement pérennisées et ainsi encore visibles aujourd’hui

Nouvelles directions
Depuis l’éclosion de nombreuses nouvelles pratiques à l’orée des années 2000, le graffiti de la première heure, bien qu’il soit encore très présent, apparaît désormais comme un chapitre d’ouverture à un mouvement bien plus vaste.
À partir de 2007, s’impose peu à peu, et non sans débats, la dénomination de Street Art.
Le mouvement est avant tout caractérisé par le foisonnement de pratiques des nouvelles générations. Parmi tous les talents qui s’expriment à Paris, certains choisissent le verbe, tandis que d’autres axent leurs recherches autour de la figuration.

Héritier du lettrage tout en le renouvelant, les premiers explorent le mot soit en travaillant la pure forme des lettres jusqu’à les rendre presque abstraites, soit en délivrant des messages empreints de sens. Engagés à raconter des histoires et témoigner de parcours, les seconds sont plus illustratifs. Pour tous, les techniques sont très variées. Elles incluent l’installation ou encore la vidéo, se déploient en intérieur ou en extérieur, dans des lieux abandonnés ou au contraire accessibles au grand public. À l’heure actuelle, de nouveaux talents se révèlent chaque jour sur les murs de Paris démontrant que l’Art Urbain est vivace.

De New York à Stalingrad
C’est l’adolescent franco-américain Bando (né en 1965) qui introduit le graffiti en France après s’y être exercé à New York. Dans cette pratique que les puristes appellent le writing (tag en français), le talent se mesure à l’ardeur et au style donnés à l’écriture d’un pseudonyme. Les terrains de prédilection des pionniers sont les quais de Seine, de la Concorde au pont Neuf, ainsi que quelques recoins du 15e arrondissement.
Quittant les lieux de leurs débuts - palissades du chantier du Louvre ou quais de Seine -, les pratiquants de la première vague cherchent de nouveaux espaces, plus vastes et tranquilles. C’est ainsi qu’émerge l’un des premiers lieux mythiques français, ou «Hall of Fame», le terrain de Stalingrad. Défriché par le graffeur Ash, il devient le spot incontournable du graffiti français jusqu’en 1989.

À la lumière
À l’orée des années 1990, le graffiti est marqué par une très forte répression. Le débat fait rage entre les tenants du vandalisme et les partisans d’une approche artistique. Ces derniers revendiquent de ne pas centrer leur pratique sur le lettrage exécuté à la bombe et de réaliser des œuvres d’atelier exposées sous les feux des projecteurs.
Comme la répression fait également rage aux Etats-Unis, des talents tels que Futura, A-One ou encore Rammellzee acceptent la reconnaissance du milieu artistique européen et viennent à maintes reprises présenter leurs œuvres en galeries et en musées à Paris. Dans leur sillage, JonOne, tenant lui aussi de cette orientation plus artistique, ira même jusqu’à s’installer définitivement dans la capitale et y exposer régulière-ment.

Paris, vitrine mondiale
Au début des années 2000, forte de la créativité qui s’y exprime et des espaces où le graffiti s’épanouit, Paris devient une vitrine mondiale de l’art urbain et une destination incontournable.
Le fait que la capitale soit si attractive et dynamique contribue à perpétuer l’image d’une ville terre d’asile pour tous les créateurs. Les artistes du monde entier viennent y montrer leur pratique, leur dextérité et l’originalité de leur démarche.
Ainsi des talents comme le Californien Shepard Fairey (connu sous le nom d’Obey) et la New-yorkaise Swoon, le Britannique Banksy ou encore le Portugais Vhils, tous, comme le Français JR, viennent ou reviennent participer à cet essor. Ils offrent à Paris des témoignages profonds de leur inspiration sans cesse renouvelée. Certains d’entre eux voient même leurs œuvres officiellement pérennisées et ainsi encore visibles aujourd’hui.

Nouvelles directions
Depuis l’éclosion de nombreuses nouvelles pratiques à l’orée des années 2000, le graffiti de la première heure, bien qu’il soit encore très présent, apparaît désormais comme un chapitre d’ouverture à un mouvement bien plus vaste.
À partir de 2007, s’impose peu à peu, et non sans débats, la dénomination de Street Art.
Le mouvement est avant tout caractérisé par le foisonnement de pratiques des nouvelles générations. Parmi tous les talents qui s’expriment à Paris, certains choisissent le verbe, tandis que d’autres axent leurs recherches autour de la figuration.

Héritier du lettrage tout en le renouvelant, les premiers explorent le mot soit en travaillant la pure forme des lettres jusqu’à les rendre presque abstraites, soit en délivrant des messages empreints de sens. Engagés à raconter des histoires et témoigner de parcours, les seconds sont plus illustratifs. Pour tous, les techniques sont très variées. Elles incluent l’installation ou encore la vidéo, se déploient en intérieur ou en extérieur, dans des lieux abandonnés ou au contraire accessibles au grand public. À l’heure actuelle, de nouveaux talents se révèlent chaque jour sur les murs de Paris démontrant que l’Art Urbain est vivace.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mardi 4 Octobre 2022 à 00:48 | Lu 166 fois

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