Avignon, Théâtre du Balcon : « Au pas de course », création Serge Barbuscia. 18 et 19 janvier 2025 – 17h

Avec la pétillante et talentueuse Camille Carraz, création musicale Sébastien Benedetto. A noter que ce texte a trouvé son inspiration à partir des ateliers organisés dans les quartiers et les centres sociaux d’Avignon depuis janvier 2024 et regroupant les artistes complices Aïni Iften, Jean-Baptiste Barbuscia, Fabrice Lebert, Gilbert Scotti

Au pas de course
Est-ce possible de parler de toutes les femmes à travers le prisme d’une seule comédienne ?
C’est le pari que Serge Barbuscia a relevé avec cette nouvelle création. Résultat, une seule en scène tenue avec force par Camille Carraz qui aborde les grandes thématiques de la vie à travers le regard de Sophie, Garance, Nadia…

Serge Barbuscia, homme engagé et directeur d’un théâtre engageant
Dans un monde en constante mutation, où les enjeux sociaux prennent des proportions alarmantes, Serge Basbuscia, directeur du Théâtre du Balcon, metteur en scène, comédien, s'impose par sa capacité à traiter des thèmes tels que les réseaux sociaux, le racisme, la violence et le harcèlement dans sa dernière pièce de théâtre. Son œuvre ne se limite pas à un simple reflet de la société actuelle, mais se veut un véritable appel à la réflexion et à l’action. Serge Barbuscia s’affirme comme un acteur essentiel de la scène théâtrale contemporaine. À travers sa pièce, il réussit à transcender les problématiques actuelles, offrant une réflexion profonde sur l’humanité et ses défis. En rappelant que les enjeux de notre époque ne sont pas seulement des problématiques individuelles mais bien des questions collectives, il invite chacun de nous à s'engager dans un dialogue constructif pour un avenir meilleur. Son œuvre résonne ainsi comme un véritable appel au débat et à la solidarité, incitant à ne jamais ignorer les voix qui luttent pour la justice et la dignité humaine.

Nous l’avons rencontré pour parler de sa dernière création.

Danielle Dufour-Verna - Le Fest’hiver s’ouvre avec votre dernière création ‘Au pas de course’. Pourquoi ce titre ?
Serge Barbuscia – En fait, ce titre est né d'un croisement de regards, le regard sur ces jeux olympiques qui, dans un moment d'incompréhension de notre monde, surtout en France où on sentait des énergies très négatives, où les groupes avaient l'impression de se détester avec ce côté intolérable des uns envers les autres, tout un coup ce rassemblement de toutes les communautés qui, ensemble, tout à coup, vont se confronter mais d'une façon noble au travers du sport, je trouvais que l'image était très belle. ‘Au pas de course’ c’est cette idée de l'esprit sportif dans le sens le plus noble du terme.
DDV – Et l’histoire ?
« Des histoires à débats dans l’esprit du théâtre forum. »
Serge Barbuscia – Ce sont des instants. Il y a sept instantanés qui sont des histoires dans lesquelles on rentre, des histoires à débat dans l'esprit du théâtre forum. Les personnages qu’on rencontre sont des personnages qui appartiennent à notre actualité, qui nous amènent à réfléchir sur nous-mêmes. C’est un peu le principe dans lequel j'étais quand j'ai voulu monter ce projet. J’ai écrit mes histoires les unes après les autres et j'ai inventé une dramaturgie complète. Une femme, Nadia, va nous faire rencontrer une femme après l'autre, comme des échantillons du monde.
« Maintenant j’approche les 22 000 amis. » Il y a un sujet sur les réseaux sociaux, sur Tik Tok, avec une gamine, Sophie, qui part dans un délire complet là-dessus.
« Tu me dis ‘excuse-moi, je ne recommencerai pas’. » Arrive Garance qui parle de son amour pour un homme qui la bat mais qui n’accepte pas d’être battue.
« Arrête Jeanne, arrête je t’en prie. ARRÊTE... C’est la beauté qui sauvera le monde » Jeanne est à fleur de peau ; elle est dans quelque chose d’extrêmement violent… son copain est là, avec de la musique… pour l’apaiser.
« Toutes les nations allaient concourir et moi pour la 1ere fois dans l’histoire, je devenais une nation celle des réfugiés. » Djamila, Ethiopienne, a été obligée de fuir son pays pour la France. Elle va entrer dans un club d’athlétisme qui la mènera aux jeux olympiques.
« Il n’y a pas de place dans ce monde pour les faibles. C’est la loi naturelle du plus fort. La loi du cocotier. Une loi vieille comme le monde ! Les vieux, les infirmes, les inutiles au rebut. » On incite des gamins à être de plus en plus brillants, excellents… Anonyme ne veut pas donner son nom parce qu’elle ne recherche que l’excellence. Elle finit par détester le monde, les pauvres, les inutiles. En fait, elle refuse la fragilité de l’humanité. On incite des gamins à être de plus en plus brillants, excellents…
« Arrête de manger, bouboule, tu vas exploser … « La vidéo sur les réseaux. J’avais jamais vu autant de commentaires des rires, des moqueries, et même des insultes. C’était unanime. Personne l’aimait. Faut croire qu’elle y était pour quelque chose. » Emilie est victime de harcèlement et finira par se révolter.
« Si tu veux te retrouver, tu dois te perdre. Fais toi confiance » Francesca est la dernière des femmes à raconter son histoire. Un jour, elle décide de marcher au bord de l’eau car sa grand-mère lui a dit : « Tu dois le faire. »
DDV - Camille Carraz sera sur scène pour interpréter ces 7 instantanés
Serge Barbuscia – C’est une comédienne avec laquelle j’ai du lien et j’ai eu envie d’écrire pour elle aussi. J’ai imaginé les textes en pensant à elle et j’ai ensuite créé une dramaturgie. C’est une femme qui, sur une chanson de Céline Dion, explique que la chanteuse possède 12 000 paires de chaussures. Il y a des milliards de chaussures qui caressent le pavé tous les jours. C’est en changeant de chaussures qu’elle entre à chaque fois dans un personnage.
DDV – La musique est très importante pour vous…
Serge Barbuscia – Sébastien Benedetto a composé une musique à la facture très moderne. Pour la lumière, elle sera importante, avec du laser.

Et si j’osais… Je vous conseillerais de retenir vos places pour cette nouvelle création… Au pas de course !
Danielle Dufour-Verna

THEATRE DU BALCON
38 rue Guillaume Puy
84000 AVIGNON
Tél.  04 90 85 00 80