Derrière les masques, l’enfant, Roland Peyron et la mère, Jacques Germain
Drôles de titres ces Moman et Votre Maman. Pas si drôles, quand on a compris.
Et quand l’auteur s’appelle Grumberg, on est en droit de se demander où le malheur l’a frappé. Quand on le devine.
Et l’ombre de la mort reste là qui plane au-dessus des camps. L’ombre soulevée, il reste que l’on rit, on s’agace, on s’exaspère, on a envie de ficher des claques à cet enfant qui souffre et exige tant de l’amour de sa Moman. Et de celui du spectateur…
Il ne veut pas mettre son pyjama. Il ne peut pas dormir parce qu’il a « poueur » avec ce terrible accent des pays de Meuse. Il a « poueur » parce qu’il est à bord d’un avion qui tombe…
L’enfant accroupi, tourmenté cherche une place où être bien dans son lit ; il n’y en a pas. Il tourne et retourne sur les draps. Et surtout inlassablement, il parle. Un peu de colère mais la voix est douce et mendie l’attention, la tendresse. La mère ? elle n’est pas loin, attentive et calme, presque calme. Elle répond et apaise.
Elle intervient enfin et fait atterrir l’avion dans le rêve éveillé de l’enfant , sur le pont d’un bateau… elle cherche un remède pour cet enfant à peine apaisé, qui est maintenant… à bord d’un bateau qui coule…
Oh, que cette détresse est immense et intarissable !
Dieu que cet enfant est agaçant, exaspérant, usant jusqu’à l’infini la patience de sa mère ! Même quand il a, enfin, mis son pyjama ! !
On pressent le drame, le père parti (il est dans les camps de concentration) la mère seule avec l’enfant dont on dirait maintenant qu’il est traumatisé car il a vu partir son père) ; et ce poids pour toujours dans la tête et le cœur de Jean-Claude Grumberg.
Cependant la pièce est drôle et on rit : de cet enfant trop petit et trop grand, des situations successives, des personnages et de leurs visage figé derrière des masques, des tenues, barboteuse et pyjama, du peignoir, du décor et de ce qu’il révèle aussi : l’amour infini et les boites de réserves. L’enfant, Roland Peyron et la mère, Jacques Germain, -eh oui on a oublié de dire que les deux rôles sont tenus par des hommes-, excellents d’ailleurs, convaincants plus réels que le vrai réel, se livrent là à une vraie performance d’acteurs …
Et quand l’auteur s’appelle Grumberg, on est en droit de se demander où le malheur l’a frappé. Quand on le devine.
Et l’ombre de la mort reste là qui plane au-dessus des camps. L’ombre soulevée, il reste que l’on rit, on s’agace, on s’exaspère, on a envie de ficher des claques à cet enfant qui souffre et exige tant de l’amour de sa Moman. Et de celui du spectateur…
Il ne veut pas mettre son pyjama. Il ne peut pas dormir parce qu’il a « poueur » avec ce terrible accent des pays de Meuse. Il a « poueur » parce qu’il est à bord d’un avion qui tombe…
L’enfant accroupi, tourmenté cherche une place où être bien dans son lit ; il n’y en a pas. Il tourne et retourne sur les draps. Et surtout inlassablement, il parle. Un peu de colère mais la voix est douce et mendie l’attention, la tendresse. La mère ? elle n’est pas loin, attentive et calme, presque calme. Elle répond et apaise.
Elle intervient enfin et fait atterrir l’avion dans le rêve éveillé de l’enfant , sur le pont d’un bateau… elle cherche un remède pour cet enfant à peine apaisé, qui est maintenant… à bord d’un bateau qui coule…
Oh, que cette détresse est immense et intarissable !
Dieu que cet enfant est agaçant, exaspérant, usant jusqu’à l’infini la patience de sa mère ! Même quand il a, enfin, mis son pyjama ! !
On pressent le drame, le père parti (il est dans les camps de concentration) la mère seule avec l’enfant dont on dirait maintenant qu’il est traumatisé car il a vu partir son père) ; et ce poids pour toujours dans la tête et le cœur de Jean-Claude Grumberg.
Cependant la pièce est drôle et on rit : de cet enfant trop petit et trop grand, des situations successives, des personnages et de leurs visage figé derrière des masques, des tenues, barboteuse et pyjama, du peignoir, du décor et de ce qu’il révèle aussi : l’amour infini et les boites de réserves. L’enfant, Roland Peyron et la mère, Jacques Germain, -eh oui on a oublié de dire que les deux rôles sont tenus par des hommes-, excellents d’ailleurs, convaincants plus réels que le vrai réel, se livrent là à une vraie performance d’acteurs …
Votre Maman , la seconde pièce est d’un tout autre genre.
Catherine Day, irrésistible dans l'ambigüe double rôle
Situation moderne que ce problème des anciens en maison de retraite, mais qui ont perdu contact avec le réel pour s’en construire un autre : on appelle cela maladie d’Alzheimer.
« Votre maman » est un peu difficile, dit le directeur à son fils qui paie la pension et attend de l’établissement le meilleur pour elle. Qui ne le reconnaît pas et attend irrémédiablement « son fils » ; situation désespérante et si commune, où rien ne peut résoudre rien.
Le thème est plus familier de notre temps, tout autant que le désespoir : mais cette mère porte aussi en elle des souffrances anciennes, celles de la guerre et de ses tourments, ombre des camps, peur, qui la troublent.
On rit très peu et le désespoir se fait un peu plus amer au fil d’un récit plus dramatique que le précédent. Parce que, de mère en mère, c’est vers la sienne que la pensionnaire cherche le chemin.
Les mêmes deux acteurs Roland Peyron et Jacques Germain y accueillent une remarquable vieille dame, Catherine Day (85 ans ! chapeau !), une véritable mère, parfois acre parfois douce, familière et toute en nuances d’interprétation.
Une excellente soirée, dans ce cadre où l’on se sent chez soi, et qui met au plus près acteurs et spectateurs.
Jacqueline Aimar
« Votre maman » est un peu difficile, dit le directeur à son fils qui paie la pension et attend de l’établissement le meilleur pour elle. Qui ne le reconnaît pas et attend irrémédiablement « son fils » ; situation désespérante et si commune, où rien ne peut résoudre rien.
Le thème est plus familier de notre temps, tout autant que le désespoir : mais cette mère porte aussi en elle des souffrances anciennes, celles de la guerre et de ses tourments, ombre des camps, peur, qui la troublent.
On rit très peu et le désespoir se fait un peu plus amer au fil d’un récit plus dramatique que le précédent. Parce que, de mère en mère, c’est vers la sienne que la pensionnaire cherche le chemin.
Les mêmes deux acteurs Roland Peyron et Jacques Germain y accueillent une remarquable vieille dame, Catherine Day (85 ans ! chapeau !), une véritable mère, parfois acre parfois douce, familière et toute en nuances d’interprétation.
Une excellente soirée, dans ce cadre où l’on se sent chez soi, et qui met au plus près acteurs et spectateurs.
Jacqueline Aimar