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La légende et la tragédie d'Euripide nous racontent qu'une biche ayant été sacrifiée à sa place à Aulis, Iphigénie a été miraculeusement transportée en Tauride où elle est devenue prêtresse d'Artémis. Quant à son frère Oreste et à Pylade, débarqués en Tauride et prêts à être sacrifiés selon la coutume locale, ils sont sauvés par Iphigénie qui s'enfuit avec eux pour retourner en Grèce.
L'œuvre inspire en 1779 Goethe qui introduit l'Amour dans son Iphigénie en Tauride. En effet, le Roi Thoas veut épouser l'étrangère, mais cet amour est plutôt d'essence cornélienne. Cette Iphigénie de Goethe, épurée, idéalisée, a une vie morale que ne connait pas l'héroïne d'Euripide. Elle se refuse à tromper, pour s'enfuir du pays, l'homme qui l'a accueillie et qu'elle a élevé au-dessus de lui-même. Elle ne veut devoir son salut qu'à la générosité du Roi.
Dans le beau décor de Jean-Paul Chambas qui représente l'autel du temple d'Artémis et la demeure de la prêtresse à l'abri d'un promontoire sur la côte de Tauride, la mise en scène poétique de Jean-Pierre Vincent fascine par sa précision et sa justesse. Elle concilie l'évènementiel et les éléments miraculeux de la légende avec la complicité d'excellents acteurs. Iphigénie (Cécile Garcia Fogel) n'est plus la touchante victime d'un culte barbare, mais la prêtresse d'un culte qui lui fait horreur. La voix voilée par l'émotion, elle devient bouleversante dans la scène de reconnaissance d'Oreste. Ce dernier (Vincent Dissez), poursuivi par les Erinnyes, connait des accès de folie particulièrement impressionnants en face de son romantique ami Pylade (Pierre-François Garel). Eux trois, sans oublier le Roi Thoas (Alain Rimoux), contribuent à donner à cette pièce du Siècle des Lumières, dépourvue de Choeur et de deus ex machina, une humanité contemporaine, riche de délicatesse et de scrupules.
Philippe Oualid
L'œuvre inspire en 1779 Goethe qui introduit l'Amour dans son Iphigénie en Tauride. En effet, le Roi Thoas veut épouser l'étrangère, mais cet amour est plutôt d'essence cornélienne. Cette Iphigénie de Goethe, épurée, idéalisée, a une vie morale que ne connait pas l'héroïne d'Euripide. Elle se refuse à tromper, pour s'enfuir du pays, l'homme qui l'a accueillie et qu'elle a élevé au-dessus de lui-même. Elle ne veut devoir son salut qu'à la générosité du Roi.
Dans le beau décor de Jean-Paul Chambas qui représente l'autel du temple d'Artémis et la demeure de la prêtresse à l'abri d'un promontoire sur la côte de Tauride, la mise en scène poétique de Jean-Pierre Vincent fascine par sa précision et sa justesse. Elle concilie l'évènementiel et les éléments miraculeux de la légende avec la complicité d'excellents acteurs. Iphigénie (Cécile Garcia Fogel) n'est plus la touchante victime d'un culte barbare, mais la prêtresse d'un culte qui lui fait horreur. La voix voilée par l'émotion, elle devient bouleversante dans la scène de reconnaissance d'Oreste. Ce dernier (Vincent Dissez), poursuivi par les Erinnyes, connait des accès de folie particulièrement impressionnants en face de son romantique ami Pylade (Pierre-François Garel). Eux trois, sans oublier le Roi Thoas (Alain Rimoux), contribuent à donner à cette pièce du Siècle des Lumières, dépourvue de Choeur et de deus ex machina, une humanité contemporaine, riche de délicatesse et de scrupules.
Philippe Oualid