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Une mise en scène particulièrement réussie
La mise en scène d'Aymeric Chapuis pose vicieusement cette brûlante question, pose clairement l'équation et parvient, dans sa fluidité, sa simplicité, sa violence même à rendre intelligible la démarche de Strindberg qui, misogyne comme pas deux, voit en Tekla une mante religieuse venue sur terre pour voler à l'homme, non seulement sa semence mais aussi le peu de feu céleste qui est en lui.
Aucun temps mort dans cette heure trente d'un combat sans merci entre trois brûlés par la vie, qui s'entraînent, se déchiquettent à pleine dents, dans un processus infernal qui ronge et détruit tout sur son passage. Curieusement, dans cette station thermale, c'est l'air qui manque le plus, et, dans cette chambre-atelier pourtant ouverte sur la mer, piège imaginaire, c'est un étau qui se resserre, qui broie les âmes, les corps, les esprits, les volontés.
Impuissants, l'on assiste dès lors à une mise à mort programmée, un crime parfait, car double : sanglant et psychique. Comme dans une corrida.
Reste au rideau final, un goût de cendre dans la bouche, proche de l'amertume des rencontres ratées. Ici, des êtres se brûlent, se déchirent, se mutilent au travers de leurs souvenirs.
Pour une montée au Golgotha pleine de haines, de rancoeurs inavouées puis clairement clamées. Dans un climat d'authenticité quotidienne cette cendre deviendra au fil de l'action braise incandescente, impitoyable, où le plus faible périra comme terrassé par une trop forte vérité.
Un travail de mise en scène impeccable donc où les trois comédiens nous font partager sur un ton intime, proche de la confidence, leur course à l'abîme, leur génie de souffrir.
Aymeric Chapuis (qui s'est fait la tête d'un Trotsky jeune) joue à fleur de peau, avec une tension à la limite de la névrose, une sensibilité exacerbée, un Adolphe enfant perdu, à l'émotion de porcelaine. Fascinante composition !
Machiavélique, luciférien, Jean-Louis Stora campe un Gustave vindicatif, haineux, d'une stature impressionnante car psychologue manipulateur puis fin hypnotiseur, le tout dans une sorte de paranoïa infernale et ordonnée. Tel un Pyrrhus suédois.
Tekla enfin, Lillith des temps modernes, croqueuse d'hommes et de diamants, trouve en Isabelle Moinet-Bondiau une mante religieuse délicate, raffinée quand il le faut, qui se mue petit à petit en bourreau cynique, sec, froid, impitoyable dans une précision de dentellière où les mots portent ici la mort.
Et on se dit soudain que Strindberg, ben... c'est rudement bien ! Sadique, machiste, mais bien !
Christian Colombeau
Aucun temps mort dans cette heure trente d'un combat sans merci entre trois brûlés par la vie, qui s'entraînent, se déchiquettent à pleine dents, dans un processus infernal qui ronge et détruit tout sur son passage. Curieusement, dans cette station thermale, c'est l'air qui manque le plus, et, dans cette chambre-atelier pourtant ouverte sur la mer, piège imaginaire, c'est un étau qui se resserre, qui broie les âmes, les corps, les esprits, les volontés.
Impuissants, l'on assiste dès lors à une mise à mort programmée, un crime parfait, car double : sanglant et psychique. Comme dans une corrida.
Reste au rideau final, un goût de cendre dans la bouche, proche de l'amertume des rencontres ratées. Ici, des êtres se brûlent, se déchirent, se mutilent au travers de leurs souvenirs.
Pour une montée au Golgotha pleine de haines, de rancoeurs inavouées puis clairement clamées. Dans un climat d'authenticité quotidienne cette cendre deviendra au fil de l'action braise incandescente, impitoyable, où le plus faible périra comme terrassé par une trop forte vérité.
Un travail de mise en scène impeccable donc où les trois comédiens nous font partager sur un ton intime, proche de la confidence, leur course à l'abîme, leur génie de souffrir.
Aymeric Chapuis (qui s'est fait la tête d'un Trotsky jeune) joue à fleur de peau, avec une tension à la limite de la névrose, une sensibilité exacerbée, un Adolphe enfant perdu, à l'émotion de porcelaine. Fascinante composition !
Machiavélique, luciférien, Jean-Louis Stora campe un Gustave vindicatif, haineux, d'une stature impressionnante car psychologue manipulateur puis fin hypnotiseur, le tout dans une sorte de paranoïa infernale et ordonnée. Tel un Pyrrhus suédois.
Tekla enfin, Lillith des temps modernes, croqueuse d'hommes et de diamants, trouve en Isabelle Moinet-Bondiau une mante religieuse délicate, raffinée quand il le faut, qui se mue petit à petit en bourreau cynique, sec, froid, impitoyable dans une précision de dentellière où les mots portent ici la mort.
Et on se dit soudain que Strindberg, ben... c'est rudement bien ! Sadique, machiste, mais bien !
Christian Colombeau
Pratique
Du 17 au 25 mars 2017
Théâtre Athéna - 06100 Nice
0634415581
Théâtre Athéna - 06100 Nice
0634415581