Gilbert & George Cemetery Youth, 1980 Assemblage de 15 photographies ; épreuve papier noir et blanc sur panneau en bois Lyon, musée d’art contemporain Image © Collection macLYON - Photo DR
Du Moyen Âge jusqu’à nos jours, une grande diversité de genres et de thématiques ont été mis à profit par les artistes pour exprimer la fragilité et le prix de la vie : danses macabres, triomphes de la Mort, scènes de genre, natures mortes, peintures d’histoire, bouquets de fleurs, peintures animalières, etc. Ces images ont connu un grand succès en Europe du 15e au 17e siècle, en des temps où d’incessants conflits armés et des épidémies de peste décimaient les populations.
Près de cent-soixante estampes, gravures, dessins, peintures, sculptures et installations, issus des collections du musée des Beaux-Arts et du musée d’art contemporain de Lyon, aujourd’hui réunis au sein du Pôle des musées d’art de la ville, sont exposés auprès d’œuvres d’un couple de collectionneurs lyonnais engagé de longue date aux côtés du musée des Beaux-Arts.
Des œuvres emblématiques du musée des Beaux-Arts, telles que les vanités de Simon Renard de Saint-André et de Pablo Picasso, y côtoient des œuvres moins connues, pour certaines sorties pour la première fois des réserves et restaurées à cette occasion. Cet événement offre également l’opportunité de présenter des œuvres majeures du musée d’art contemporain, telles que Tiny Deaths de Bill Viola (1993) ou Butt to Butt de Bruce Nauman (1989).
Près de cent-soixante estampes, gravures, dessins, peintures, sculptures et installations, issus des collections du musée des Beaux-Arts et du musée d’art contemporain de Lyon, aujourd’hui réunis au sein du Pôle des musées d’art de la ville, sont exposés auprès d’œuvres d’un couple de collectionneurs lyonnais engagé de longue date aux côtés du musée des Beaux-Arts.
Des œuvres emblématiques du musée des Beaux-Arts, telles que les vanités de Simon Renard de Saint-André et de Pablo Picasso, y côtoient des œuvres moins connues, pour certaines sorties pour la première fois des réserves et restaurées à cette occasion. Cet événement offre également l’opportunité de présenter des œuvres majeures du musée d’art contemporain, telles que Tiny Deaths de Bill Viola (1993) ou Butt to Butt de Bruce Nauman (1989).
Georg Pencz, Le Triomphe de la Mort Vers 1539. Burin Lyon, musée des Beaux-Arts Image © Lyon MBA - Photo Martial Couderette
Vincenzo Campi Les Mangeurs de Ricotta, vers 1580. Huile sur toile Lyon, musée des Beaux-Arts Image © Lyon MBA - Photo Martial Couderette
Entrez dans la danse
Dans l’art européen, la notion de vanité commence par se manifester, au Moyen Âge, à travers les danses macabres et les triomphes de la Mort. Les danses macabres apparaissent tout d’abord sous la forme de fresques peintes sur les murs des monastères et des cimetières, à une époque où épidémies, guerres et famines rendent la mort omniprésente. Des squelettes y incarnent des morts sortis de leur tombe pour entraîner les vivants dans leur danse.
De grands cycles de gravure ont été consacrés à cette thématique, le plus célèbre étant celui dessiné par Hans Holbein le Jeune en 1524. De petits squelettes gesticulant y surprennent dans leurs occupations hommes comme femmes, riches comme pauvres.
Au 16e siècle, des gravures d’emblèmes - pourvues de sentences morales issues de la littérature latine ou de la Bible - prennent pour sujet des squelettes personnifiant la Mort qui s’adonnent à des activités humaines. Le développement du savoir anatomique participe à l’essor de ces images en fournissant des modèles pour ces squelettes. Le premier triomphe de la Mort est peint par Pietro Lorenzetti en 1348 (Sienne, Pinacothèque nationale), année où la Grande Peste décime une part importante de la population européenne. Dans une perspective apocalyptique, la Mort y apparaît à cheval, pourfendant les vivants. C’est à la suite des Triomphes composés par le poète italien Pétrarque au 14e siècle que la Mort prend la forme d’un squelette juché sur un char.
Ces danses macabres et triomphes de la Mort ont exercé, jusqu’à nos jours, une influence durable sur des artistes aussi divers qu’Alfred Rethel ou les contemporains Erró et Armand Avril.
De grands cycles de gravure ont été consacrés à cette thématique, le plus célèbre étant celui dessiné par Hans Holbein le Jeune en 1524. De petits squelettes gesticulant y surprennent dans leurs occupations hommes comme femmes, riches comme pauvres.
Au 16e siècle, des gravures d’emblèmes - pourvues de sentences morales issues de la littérature latine ou de la Bible - prennent pour sujet des squelettes personnifiant la Mort qui s’adonnent à des activités humaines. Le développement du savoir anatomique participe à l’essor de ces images en fournissant des modèles pour ces squelettes. Le premier triomphe de la Mort est peint par Pietro Lorenzetti en 1348 (Sienne, Pinacothèque nationale), année où la Grande Peste décime une part importante de la population européenne. Dans une perspective apocalyptique, la Mort y apparaît à cheval, pourfendant les vivants. C’est à la suite des Triomphes composés par le poète italien Pétrarque au 14e siècle que la Mort prend la forme d’un squelette juché sur un char.
Ces danses macabres et triomphes de la Mort ont exercé, jusqu’à nos jours, une influence durable sur des artistes aussi divers qu’Alfred Rethel ou les contemporains Erró et Armand Avril.
Les âges de la vie
En passant successivement de l’enfance à la jeunesse, puis à l’âge adulte et, enfin, à la vieillesse, tout être emprunte un parcours le menant fatale-ment au terme de sa vie. Au fur et à mesure de ce cheminement, la conscience de la vanité des pré-tentions humaines va croissant.
Aussi certaines œuvres faisant allusion au passage d’un âge de la vie à un autre proposent-elles de s’interroger sur l’emploi que l’on peut faire de son existence. C’est le cas, par exemple, du tableau de Cornelis Schaeck, qui s’offre de prime abord comme la simple représentation d’un Intérieur de savetier, alors qu’il est porteur d’une dimension réflexive et morale.
D’autres œuvres, comme celle de Hendrick Gerritsz. Pot, donnent à voir le dernier âge de la vie. Elles invitent, elles aussi, à se détacher des vains plaisirs pour méditer sur le sens de l’existence et à vivre en conformité avec des principes devant mener au salut de l’âme, dans une perspective chrétienne.
Enfin, les clichés des Faces pris par Philippe Bazin se présentent à nous pour nous rappeler de manière crue que nul âge n’est, hélas, à l’abri des atteintes de la maladie et de la mort.
Aussi certaines œuvres faisant allusion au passage d’un âge de la vie à un autre proposent-elles de s’interroger sur l’emploi que l’on peut faire de son existence. C’est le cas, par exemple, du tableau de Cornelis Schaeck, qui s’offre de prime abord comme la simple représentation d’un Intérieur de savetier, alors qu’il est porteur d’une dimension réflexive et morale.
D’autres œuvres, comme celle de Hendrick Gerritsz. Pot, donnent à voir le dernier âge de la vie. Elles invitent, elles aussi, à se détacher des vains plaisirs pour méditer sur le sens de l’existence et à vivre en conformité avec des principes devant mener au salut de l’âme, dans une perspective chrétienne.
Enfin, les clichés des Faces pris par Philippe Bazin se présentent à nous pour nous rappeler de manière crue que nul âge n’est, hélas, à l’abri des atteintes de la maladie et de la mort.
Fragile jeunesse
Pour dénoncer la vanité et la fugacité de la jeunesse, de la beauté et de l’amour, des artistes ont formé des couples aussi incongrus que dérangeants. Ils associent la mort aussi bien à un enfant, à une jeune fille, à un jeune homme ou à un jeune couple, puisant une grande part de leur inspiration dans la danse macabre dessinée en 1524 par Hans Holbein le Jeune.
Le motif combinant la mort et un enfant apparaît pour la première fois en Italie, au 16e siècle, au revers d’une médaille de Giovanni Boldù. Le début et la fin de l’existence ont été, par la suite, souvent rapprochés, afin d’exprimer de la manière la plus frappante qui soit la brièveté de la vie.
Au 16e siècle, dans le Nord de l’Europe, on retrouve la figure de l’enfant faisant des bulles de savon, en écho à la devise « Est Homo Bulla » (« L’homme est une bulle ») formulée par les auteurs latins Varron et Lucain, puis reprise à la Renaissance par Érasme dans ses Adages. L’inscription présente dans la gravure originale de Goltzius, dont une version ultérieure est présentée dans l’exposition, le résume ainsi : « la durée de la vie est brève, comme celle de la fleur ; elle s’enfuit comme les bulles de savon et la fumée ».
Avec leurs œuvres teintées à la fois de connotations érotiques et macabres, le monogrammiste M et plus tard Jean-Baptiste Frénet sont les héritiers d’artistes allemands du 16e siècle, tels qu’Albrecht Dürer ou Hans Sebald Beham, qui ont confronté la jeune fille à la Mort.
Il arrive également que la mort interpelle de fringants jeunes hommes, tel que celui gravé au 16e siècle par Lucas de Leyde, dont l’œuvre Cemetery Youth de Gilbert & George (1980) offre un lointain avatar.
Parfois aussi, comme dans la célèbre gravure de Rembrandt présentée dans l’exposition, la Mort rappelle l’inexorable passage du temps à un couple d’amants.
Le motif combinant la mort et un enfant apparaît pour la première fois en Italie, au 16e siècle, au revers d’une médaille de Giovanni Boldù. Le début et la fin de l’existence ont été, par la suite, souvent rapprochés, afin d’exprimer de la manière la plus frappante qui soit la brièveté de la vie.
Au 16e siècle, dans le Nord de l’Europe, on retrouve la figure de l’enfant faisant des bulles de savon, en écho à la devise « Est Homo Bulla » (« L’homme est une bulle ») formulée par les auteurs latins Varron et Lucain, puis reprise à la Renaissance par Érasme dans ses Adages. L’inscription présente dans la gravure originale de Goltzius, dont une version ultérieure est présentée dans l’exposition, le résume ainsi : « la durée de la vie est brève, comme celle de la fleur ; elle s’enfuit comme les bulles de savon et la fumée ».
Avec leurs œuvres teintées à la fois de connotations érotiques et macabres, le monogrammiste M et plus tard Jean-Baptiste Frénet sont les héritiers d’artistes allemands du 16e siècle, tels qu’Albrecht Dürer ou Hans Sebald Beham, qui ont confronté la jeune fille à la Mort.
Il arrive également que la mort interpelle de fringants jeunes hommes, tel que celui gravé au 16e siècle par Lucas de Leyde, dont l’œuvre Cemetery Youth de Gilbert & George (1980) offre un lointain avatar.
Parfois aussi, comme dans la célèbre gravure de Rembrandt présentée dans l’exposition, la Mort rappelle l’inexorable passage du temps à un couple d’amants.
Vanité des vanités
Au 17e siècle, les squelettes des danses macabres, des triomphes de la Mort et des gravures emblématiques cèdent la place à des crânes, dans des compositions appartenant au nouveau genre pictural des vanités.
La représentation isolée du crâne humain apparaît dès le 15e siècle, au revers de portraits de donateurs peints sur des volets de polyptyques* flamands, tel que le Diptyque Carondelet (1517, Paris, musée du Louvre). Il s’agit de memento mori (« souviens-toi que tu vas mourir ») rappelant aux commanditaires la vanité des prétentions humaines.
Les développements scientifiques, illustrés dans l’exposition par trois Têtes anatomiques en ivoire, ont permis de peindre et de dessiner ces crânes avec la plus grande exactitude.
Au 17e siècle, dans les pays du Nord de l’Europe ayant adopté la réforme protestante, les vanités prennent la forme de natures mortes organisées autour de crânes. Elles mettent en scène des éléments qui symbolisent le caractère éphémère de l’existence, tels que la montre, le sablier, le papillon ou les bulles de savon.
Dans les pays catholiques du Sud de l’Europe, les crânes et leurs représentations sont alors considérés comme des accessoires indispensables à la prière, rappelant à quelle fin le fidèle est voué.
Des artistes des 20e et 21e siècles, aussi divers que Jim Dine ou Étienne-Martin, ont perpétué la tradition des vanités, dans des œuvres empruntant, pour certaines, à des modèles issus de cultures extra- européennes (africaine, océanienne, américaine).
* Tableau constitué de plusieurs panneaux peints, liés entre eux, pouvant se replier sur la partie centrale.
La représentation isolée du crâne humain apparaît dès le 15e siècle, au revers de portraits de donateurs peints sur des volets de polyptyques* flamands, tel que le Diptyque Carondelet (1517, Paris, musée du Louvre). Il s’agit de memento mori (« souviens-toi que tu vas mourir ») rappelant aux commanditaires la vanité des prétentions humaines.
Les développements scientifiques, illustrés dans l’exposition par trois Têtes anatomiques en ivoire, ont permis de peindre et de dessiner ces crânes avec la plus grande exactitude.
Au 17e siècle, dans les pays du Nord de l’Europe ayant adopté la réforme protestante, les vanités prennent la forme de natures mortes organisées autour de crânes. Elles mettent en scène des éléments qui symbolisent le caractère éphémère de l’existence, tels que la montre, le sablier, le papillon ou les bulles de savon.
Dans les pays catholiques du Sud de l’Europe, les crânes et leurs représentations sont alors considérés comme des accessoires indispensables à la prière, rappelant à quelle fin le fidèle est voué.
Des artistes des 20e et 21e siècles, aussi divers que Jim Dine ou Étienne-Martin, ont perpétué la tradition des vanités, dans des œuvres empruntant, pour certaines, à des modèles issus de cultures extra- européennes (africaine, océanienne, américaine).
* Tableau constitué de plusieurs panneaux peints, liés entre eux, pouvant se replier sur la partie centrale.
Vanité des arts et des savoirs
De nombreuses œuvres ont été créées pour souligner le caractère vain de la quête de connaissances et de gloire. Dans une perspective chrétienne, il n’y a en effet d’autre gloire que celle de Dieu et il est vain de tenter de percer les secrets de la création. La brièveté même de l’existence humaine rend ces prétentions dérisoires.
Comme l’a formulé le philosophe Érasme, « Il n’est rien de plus vain que de savoir beaucoup ».
Dans des natures mortes peintes pour la plupart au 17e siècle, la profusion d’attributs emblématiques des arts (instruments de musique, partitions) et des savoirs (livres, encriers, plumes, chandelles, lampes) vise à dénoncer l’orgueil que l’on pourrait être tenté de tirer de titres de gloire ou de connaissances accumulés au cours de sa vie. Aux siècles suivants, ce type de compositions a eu tendance à être vidé de son sens et à revêtir une fonction décorative.
Comme l’a formulé le philosophe Érasme, « Il n’est rien de plus vain que de savoir beaucoup ».
Dans des natures mortes peintes pour la plupart au 17e siècle, la profusion d’attributs emblématiques des arts (instruments de musique, partitions) et des savoirs (livres, encriers, plumes, chandelles, lampes) vise à dénoncer l’orgueil que l’on pourrait être tenté de tirer de titres de gloire ou de connaissances accumulés au cours de sa vie. Aux siècles suivants, ce type de compositions a eu tendance à être vidé de son sens et à revêtir une fonction décorative.
Méditations
Aux 16e et 17e siècles, en réponse aux protestants qui rejettent le sacrement de pénitence, l’église catholique promeut le modèle du saint pénitent retiré dans le désert, afin d’échapper à la fréquentation des hommes, aux tentations et aux passions. Des images de saints méditant sur les fins dernières et se repentant de leurs faiblesses se multiplient alors. Les saints Jérôme et Marie-Madeleine incarnent plus particulièrement ce rejet des vains plaisirs terrestres.
À partir du 16e siècle, la représentation de saint Jérôme vivant en ermite dans le désert de Chalcis se met à l'emporter sur celle du savant se livrant à ses recherches dans son cabinet d’étude. Instruments de sa méditation et de sa repentance, un crâne, des livres et un crucifix figurent invariablement dans les gravures et tableaux le représentant.
Marie-Madeleine constitue l’autre figure emblématique du renoncement aux vanités du monde. Une fois convertie au christianisme, elle choisit, en effet, d’abandonner les riches atours et les plaisirs de la vie de courtisane, pour vivre dans le dénuement et la solitude durant trente années. Du 16e au 18e siècle, les artistes semblent avoir pris un plaisir tout particulier à associer la beauté de la femme sensuelle à l’expression de l’esprit de repentance.
À partir du 16e siècle, la représentation de saint Jérôme vivant en ermite dans le désert de Chalcis se met à l'emporter sur celle du savant se livrant à ses recherches dans son cabinet d’étude. Instruments de sa méditation et de sa repentance, un crâne, des livres et un crucifix figurent invariablement dans les gravures et tableaux le représentant.
Marie-Madeleine constitue l’autre figure emblématique du renoncement aux vanités du monde. Une fois convertie au christianisme, elle choisit, en effet, d’abandonner les riches atours et les plaisirs de la vie de courtisane, pour vivre dans le dénuement et la solitude durant trente années. Du 16e au 18e siècle, les artistes semblent avoir pris un plaisir tout particulier à associer la beauté de la femme sensuelle à l’expression de l’esprit de repentance.
Des plaisirs qui partent en fumée
Au 17e siècle, les anciens Pays-Bas constituent le premier importateur en Europe de tabac, une substance aussi bien consommée à domicile que dans des cabarets. Aussi retrouve-t-on nombre de fumeurs, buveurs et joueurs sous le pinceau des plus grands peintres de genre de l’époque, tels que David Teniers II, Adriaen van Ostade et Adriaen Brouwer. Ces pittoresques scènes de cabaret contiennent, en filigrane, une discrète dénonciation de la futilité des plaisirs terrestres, en même temps qu’une incitation à mieux employer son existence.
La fumée s’échappant des pipes est elle-même à l’image de l’inconsistance de la vie humaine, si bien que l’on retrouve pipes et fumées dans des natures mortes d’objets se rattachant au registre de la vanité. Ces quatre vers des Énigmes de Jan van der Veen, parus en 1653, révèlent la dimension morale dont ces œuvres sont porteuses :
« Le tabac par tant tellement aimé,
Dans une pipe en terre est tassé,
Sa fumée comme son fumet sont vanité,
Et voici l’énigme expliquée. »
D’autres scènes de genre donnent à voir des singes avec des vêtements et des attitudes propres à l’homme. Les singes s’y adonnent à des activités dont leur animalité souligne la futilité, qu’ils s’égayent dans un corps de garde ou qu’ils admirent leur reflet dans un miroir.
La fumée s’échappant des pipes est elle-même à l’image de l’inconsistance de la vie humaine, si bien que l’on retrouve pipes et fumées dans des natures mortes d’objets se rattachant au registre de la vanité. Ces quatre vers des Énigmes de Jan van der Veen, parus en 1653, révèlent la dimension morale dont ces œuvres sont porteuses :
« Le tabac par tant tellement aimé,
Dans une pipe en terre est tassé,
Sa fumée comme son fumet sont vanité,
Et voici l’énigme expliquée. »
D’autres scènes de genre donnent à voir des singes avec des vêtements et des attitudes propres à l’homme. Les singes s’y adonnent à des activités dont leur animalité souligne la futilité, qu’ils s’égayent dans un corps de garde ou qu’ils admirent leur reflet dans un miroir.
L'absente de tous les bouquets
Charles William de Hamilton Plantes, insectes et reptiles dans un sous-bois 1re moitié du 18e siècle Huile sur bois Lyon, musée des Beaux-Arts Image © Lyon MBA - Photo Martial Couderette
La fleur est l’un des symboles du caractère éphémère de l’existence. De simples bouquets, peints pour la plupart au 17e siècle, suffisent ainsi à rappeler la fugacité de la vie. Des fleurs flétries, des pétales tombés, des feuilles entamées, une tige cassée, la menace de rongeurs, d’insectes ou de reptiles, permettent d’évoquer la fragilité du vivant, dans des compositions qui n’en exaltent pas moins sa splendeur.
Cette idée est présente dès l’Antiquité, dans des textes profanes comme sacrés, dont la Bible hébraïque. Dans le Livre de Job, la comparaison entre l’homme et la fleur éphémère apparaît : « L’Homme, né de la femme, a la vie brève et des tourments à satiété ; pareil à la fleur, il éclot puis se fane et fuit comme l’ombre sans arrêt. » (Job XIV, 1-2). On trouve encore, dans le Livre d’Isaïe : « Toute chair est de l ’herbe, et toute sa grâce est comme la fleur des champs / L’herbe se dessèche, la fleur se fane quand le souffle de Dieu passe sur elles. » (Isaïe, XL, 6,8).
Au 16e siècle, dans les Sonnets pour Hélène, le poète Pierre de Ronsard, conseille à son tour :
« Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »
Les épis de blé, les papillons, les cerises et les grappes de raisin émaillant ces bouquets renvoient, pour leur part, à la résurrection et à la vie éternelle promise dans l’au-delà.
La précision descriptive et la flamboyance des couleurs parviennent à rendre compte de la beauté des fleurs réunies de manière arbitraire dans ces incroyables compositions florales, puisqu’en réalité leurs périodes de floraison ne coïncident que rarement.
Cette idée est présente dès l’Antiquité, dans des textes profanes comme sacrés, dont la Bible hébraïque. Dans le Livre de Job, la comparaison entre l’homme et la fleur éphémère apparaît : « L’Homme, né de la femme, a la vie brève et des tourments à satiété ; pareil à la fleur, il éclot puis se fane et fuit comme l’ombre sans arrêt. » (Job XIV, 1-2). On trouve encore, dans le Livre d’Isaïe : « Toute chair est de l ’herbe, et toute sa grâce est comme la fleur des champs / L’herbe se dessèche, la fleur se fane quand le souffle de Dieu passe sur elles. » (Isaïe, XL, 6,8).
Au 16e siècle, dans les Sonnets pour Hélène, le poète Pierre de Ronsard, conseille à son tour :
« Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »
Les épis de blé, les papillons, les cerises et les grappes de raisin émaillant ces bouquets renvoient, pour leur part, à la résurrection et à la vie éternelle promise dans l’au-delà.
La précision descriptive et la flamboyance des couleurs parviennent à rendre compte de la beauté des fleurs réunies de manière arbitraire dans ces incroyables compositions florales, puisqu’en réalité leurs périodes de floraison ne coïncident que rarement.
Info+
Musée des Beaux-Arts de Lyon
20 place des Terreaux
69001 Lyon
33 (0)4.72.10.17.40
HORAIRES D’OUVERTURE
Le musée est ouvert tous les jours sauf mardis et jours fériés de 10h à 18h.
Vendredis de 10h30 à 18h.
TARIFS DE L’EXPOSITION
12 € / 7 € / gratuit
Achetez vos billets à l’avance sur www.mba-lyon.fr
20 place des Terreaux
69001 Lyon
33 (0)4.72.10.17.40
HORAIRES D’OUVERTURE
Le musée est ouvert tous les jours sauf mardis et jours fériés de 10h à 18h.
Vendredis de 10h30 à 18h.
TARIFS DE L’EXPOSITION
12 € / 7 € / gratuit
Achetez vos billets à l’avance sur www.mba-lyon.fr