La danse servie par de brillants solistes se suffit à elle-même
La première partie de ce ballet débute dans des auréoles de lumières crépusculaires de Max Haas,sur une musique véhémente de Art Zoyd où percussions,bruits de forge et pas martelant le sol,entrecoupés de cris d'oiseaux,inspirent aux deux frères d'armes une danse très physique précédée de flashes au milieu desquels les danseurs(en caleçons de bain gris anthracite réalisés par Patrick Murru) apparaissent dans des poses dignes de bronzes d'Antoine Bourdelle.Les deux sculptures commencent alors à s'animer,surgissant du sol pour se secourir réciproquement ou équilibrer leurs forces naissantes.Après des grands jetés,des brasses énergiques,des tours en l'air avec chutes allongées,et même une progression sauvage en demi-pliés pour évoquer le caractère sacrificiel de leur démarche,ces nouveaux chevaliers vont se déclarer amitié dans le ralenti de pas emboîtés,de glissades,de chassés simultanément exécutés avec une admirable élégance.
Ensuite,dans des portés surprenants, prenant appui sur les épaules ou les genoux,se soulevant mutuellement,ils ne tarderont pas à se manifester une dévotion héroïque devant un écran qui expose avec des diaphragmes d'ouvertures à l'iris,les dédales de leur sensibilité triomphante.
Après l'entracte,une seconde partie sur des musiques de Philip Glass,entrecoupées de voix poignantes de haute-contre et de soprano,nous fait accéder à la dimension spirituelle ou mystique des âmes frères.En maillots de couleur chair,les danseurs réalisent maintenant une chorégraphie plus limpide de style néo-classique,constituée d'élévations,de tours en l'air, de renversés,de grands fouettés qui,par leur caractère répétitif,mettent par moments le spectateur en état d'hypnose,et accentuent chez chaque danseur un sentiment de vertige qui le pousse à se pencher sur le bras de son compagnon comme s'il rencontrait un abîme sous ses pas.Et même si chaque corps désormais à la poursuite de son double semble poursuivre sa quête vers l'inaccessible,à partir de postures imprévisibles,c'est la danse dans sa dimension académique qui se veut omniprésente,s'imposant au final à notre mémoire avec le départ glorieux du couple,en attitude,dans le goût des défilés du corps de ballet de l'Opéra de Paris,mais dos tourné au public...
Ce spectacle séduisant qui ne s'encombre d'aucune scénographie gênante,et qui nous montre que la danse servie par de brillants solistes se suffit à elle-même pour célébrer un thème aussi délicat que la communion des âmes,devrait permettre à Julien Lestel et Gilles Porte de créer avec leur compagnie des chorégraphies qui s'imposeront incontestablement.
Philippe Oualid.
Ensuite,dans des portés surprenants, prenant appui sur les épaules ou les genoux,se soulevant mutuellement,ils ne tarderont pas à se manifester une dévotion héroïque devant un écran qui expose avec des diaphragmes d'ouvertures à l'iris,les dédales de leur sensibilité triomphante.
Après l'entracte,une seconde partie sur des musiques de Philip Glass,entrecoupées de voix poignantes de haute-contre et de soprano,nous fait accéder à la dimension spirituelle ou mystique des âmes frères.En maillots de couleur chair,les danseurs réalisent maintenant une chorégraphie plus limpide de style néo-classique,constituée d'élévations,de tours en l'air, de renversés,de grands fouettés qui,par leur caractère répétitif,mettent par moments le spectateur en état d'hypnose,et accentuent chez chaque danseur un sentiment de vertige qui le pousse à se pencher sur le bras de son compagnon comme s'il rencontrait un abîme sous ses pas.Et même si chaque corps désormais à la poursuite de son double semble poursuivre sa quête vers l'inaccessible,à partir de postures imprévisibles,c'est la danse dans sa dimension académique qui se veut omniprésente,s'imposant au final à notre mémoire avec le départ glorieux du couple,en attitude,dans le goût des défilés du corps de ballet de l'Opéra de Paris,mais dos tourné au public...
Ce spectacle séduisant qui ne s'encombre d'aucune scénographie gênante,et qui nous montre que la danse servie par de brillants solistes se suffit à elle-même pour célébrer un thème aussi délicat que la communion des âmes,devrait permettre à Julien Lestel et Gilles Porte de créer avec leur compagnie des chorégraphies qui s'imposeront incontestablement.
Philippe Oualid.