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Paris, christian berst art brut : James Edward Deeds, the electric pencil #2. Exposition Du 9 septembre au 2 octobre 2022

Derrière l’œuvre de James Edward Deeds, né en 1908 à Springfield (Missouri), se cache l’histoire tragique d’un jeune Américain interné de force, à l’âge de 25 ans, dans un asile psychiatrique. Il y passera toute sa vie, subissant jusqu’à deux fois par semaine des traitements aux électrochocs, sans anesthésie.


James Edward Deeds, sans titre, recto-verso, circa 1950
James Edward Deeds, sans titre, recto-verso, circa 1950
Une existence ravagée dont nous ne saurions rien si Deeds n’avait pas livré son témoignage en dessinant sur des feuilles préimprimées de l’hôpital. Et si, dans les années 70, un adolescent n’avait pas sauvé d’une poubelle le volume de cuir défraîchi dans lequel il les avait reliées.

Il faudra attendre 40 ans pour que son contenu soit exposé à New York et fasse l’objet d’un catalogue raisonné. Ces 140 planches recto verso, encore anonymes, eurent immédiatement un grand retentissement, dont le New York Times et Art in America se firent l’écho.

Car celui qu’on connaissait alors par son nom de code : Electric Pencil – ainsi baptisé en raison de l’apparition, sur plusieurs dessins, de la mention “Ectlectric (sic) Pencil” – était alors entouré d’un épais mystère, que l’engouement du monde de l’art allait finir par lever. Découvrant finalement que la graphie d’Ectlectric n’était pas une erreur d’orthographe, mais un indice sur le contexte particulier dans lequel les œuvres avaient vu le jour : ECT étant l’acronyme d’Electroconvulsive Therapy.

Contrastant avec la délicatesse et la précision du trait, ce tableau de famille halluciné surgi du papier, ces yeux exorbités qui nous interrogent, composent la vibrante complainte d’un homme brisé, mais sauvé par sa création. Car, comme l’écrit Philippe Piguet, “l’art de Deeds relève d’un moment commun à toute humanité : celui de dire sa présence au monde”.

James Edward Deeds, 1908 - 1987

James Edward Deeds
James Edward Deeds
Deeds a passé toute sa vie dans un asile psychiatrique, subissant des traitements aux électrochocs, sans anesthésie, jusqu’à 2 fois par semaine.
Ses dessins au crayon et crayon de couleur, aux traits méticuleux, réalisés dans un style désuet sur des feuilles de petit format portant l’en-tête de l’hôpital, illustrent des personnages, des références à la guerre civile, des automobiles et des paysages urbains en milieu rural, un monde imaginaire – celui dans lequel il échappait à la réalité de sa vie brisée. Ses portraits, pourtant, affichent les stigmates de ses traitements aux psychotropes ; en témoignent leurs yeux écarquillés aux pupilles dilatées.

Les 140 planches recto verso connues d’Edward Deeds n’ont été attribuées à leur auteur que très récemment. Elles ont été trouvées dans une poubelle dans les années 70 par un garçon de 14 ans qui les a conservées pendant près de 40 ans avant de les céder. Comme le mot ECTLECTRC apparaissait sur plusieurs dessins, les nouveaux acquéreurs le baptisèrent “Electric Pencil”, jusqu’à ce qu’ils réalisent que ECT était l’acronyme de “electroconvulsive therapy” – thérapie par électrochocs. Il mourra en 1987.

Salué dès sa découverte par la presse américaine, dont Art in America et le New York Times, James Edward Deeds est désormais considéré comme un “classique” de l’art brut du XXe siècle : après la publication du catalogue raisonné, un documentaire de Neville Bean et Robert Vandeweghe - The Mystery of the Electric Pencil - retrace sa passionnante et tragique histoire tandis que la Collection de l’art brut, à Lausanne, lui consacre une rétrospective en 2013.

Info+

christian berst art brut
3-5 passage des gravilliers
75003 paris
du mercredi au dimanche de 14h à 19h
contact@christianberst.com
+331 53 33 01 70

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 24 Août 2022 à 19:46 | Lu 208 fois

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