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Myroslav Kultyshev-Chopin, une folle passion. Concert du 7 août à Saint-Martial, Gard

Sur le visage de Myroslav (qui signifie la gloire de la paix), qui semble parfois un minois d’enfant, de petites mimiques : il joue et vit la musique, du minois et de son grand corps souple et vif.


Myroslav Kultyshev en fin d'un récital épuisant © Pierre Aimar
Myroslav Kultyshev en fin d'un récital épuisant © Pierre Aimar
Il interprète les 12 études de Chopin ; il s’attendrit avec la tendre 3e et traduit la perfection de la passion ; la quatrième très agitée court comme un ruisseau alors que des pieds, il conduit son piano comme une voiture. Dans la cinquième vive et sautillante, ses yeux semblent plus profonds dans ses orbites ; le pianiste est extraordinaire, mais Chopin plus encore car sa musique, diverse et profondément vivante, tantôt vive et tressautante, gouttelettes et chants d’oiseau, dramatique et âpre parfois en vagues heureuses et presque charnelles, violentes et coupées de traits aigus presque décharnés, exprime aussi le bonheur.

Myroslav Kultyshev rend Chopin et les thèmes des études passionnants comme une histoire, un livre qui dirait tout. Jusqu’à la dernière, spectaculaire et grondante qui évoque orage et flots qui se déversent et envahissent tout ; il déracine et arrache l’arbre dans lequel a été taillé le piano, il fait rouler vagues et tornades sous ses mains devenues puissantes et vengeresses.

Plus tard, il nous jette au visage les Valses nobles et sentimentales comme en une grande colère, haletante ; puis le charme opère et cela devient lent et triste, en une musique qui n’a plus rien à dire. Cela se passe dans l’église de Saint-Martial, Gard, un petit bijou de perfection romane, faite de schiste gris en petites pierres encastrées avec soin jusqu’aux croisées d’ogives très élaborées.

Puis viennent quatre ballades de Chopin ; le pianiste a alors quitté la veste. La 23 s’élance lente et rêveuse avant de grands éclats de passion puis de calme chantant ; le thème apparaît, disparaît, véritablement increvable. Avant la ballade 38 qui joue les chants suisses tendres et doux dans l’infinie variété de développement de différents thèmes.

J’ai comme l’impression que le pianiste joue pour moi seule et chacun doit penser ainsi. Myroslav Kultyshev semble possédé de ce diable de Frédéric Chopin, comme étouffé parfois par une machine qui gronde et semble près de l’écraser.
L’artiste jette parfois autour de lui des regards inquiets et tourmentés. Mais que voit-il alors ? Il y a comme un corps à corps personnel entre lui et la musique, une danse extatique qui le porte, proche de l’extase, comme en état d’hypnose.
Car il est incontestable que cette musique de Chopin semble écrite pour lui, par le compositeur qui passe le plus vite du chant religieux à la rage, de la prière à la passion folle ou à la légèreté dansante; de la berceuse au chant d’amour. Et cela fait que l’interprète se livre à de véritables combats violents et amoureux, faisant gémir, pleurer et supplier le piano.

Quelle belle soirée nous ont offert l’intimité du lieu et celui qui a interprété pour nous les musiques et nous a livrés nous, spectateurs, tout entiers à des envoûtements bien rares dans la vie de chaque jour !
Jacqueline Aimar

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 20 Août 2015 à 12:07 | Lu 198 fois

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