
Sara. Langages de papier © DR
« Mes images n’illustrent pas, elles sont le texte. Déchirer du papier, c’est un langage. »
Entretien avec J. Kotwica pour La revue des livres pour enfants, avril 2026
Alors qu’elle est maquettiste dans la presse dans les années 1970, Sara compose chez elle des tableaux de papiers déchirés avec un art consommé de la mise en page et du cadrage. En 1990, elle fait paraître chez Épigones un premier album sans texte, À travers la ville. Par la suite, fidèle à cette technique du papier déchiré qu’elle manie avec une dextérité considérable et qui lui permet de développer un puissant langage pictural, elle publie entre 1990 et 2018 une quarantaine d’albums chez plus de 16 éditeurs différents. Ses œuvres ont été récompensées et exposées à de multiples reprises.
Le don
Sara a fait don en 2022 au Centre national de la littérature pour la jeunesse à la BnF de 533 originaux et dessins préparatoires correspondant à 21 de ses albums les plus emblématiques, depuis À travers la ville (1990 ) jusqu’à La Traque (2018). Les études utilisent des techniques mixtes, papiers déchirés, dessins au crayon, au feutre, à l’encre, à la gouache et toutes les planches originales sont réalisées selon la technique des papiers déchirés. Ce don inclut À quai, un petit film de 4 minutes réalisé par Sara et Pierre Volto en 2005, présenté dans l’exposition.

Sara, Enchaîné, 2007 Sara - Département Littérature et art, BnF
L’exposition
L’art de raconter des histoires de papier
« Quand on déchire, on pose les formes les unes à côté des autres, on va de page en page, on fait avancer son personnage, et en même temps vient des foules d’émotion, de souvenirs, de sensations, et l’histoire vient en même temps qu’on déchire. »
Cycle des « Visiteurs du soir » (CNLJ), décembre 2009
En dépit des quelques textes, très sobres, qu’elle concède à ses éditeurs, Sara se fait activiste de l’image, s’adressant à la capacité émotive et visuelle du lecteur, cherchant à le rendre auteur de son propre regard. Elle sélectionne ses papiers et conçoit soigneusement ses créations. Jouant avec les textures et les couleurs, elle offre une narration sensible à ses héros humains ou animaux et à leurs relations, avec des albums forts comme Éléphants (2006), Enchaîné (2007) ou La Revanche du clown (2011). Ses mises en page sont remarquablement réfléchies, venant dérouler avec beaucoup de sensibilité l’histoire de bout en bout.
Laisser parler l’imaginaire
Au fil des albums, Sara met en place une forme de grammaire visuelle, réutilisant certains motifs comme autant de mots-clés ouvrant les portes de nos imaginaires. Son vocabulaire de papier est fait de personnages et de lieux récurrents : la femme en rouge et le chien jaune dans Mon chien et moi (1995) ou À quai (2005) ; le chat solitaire de La Nuit sans lune (1994) ou du Chat des collines (1998) ; les forêts dans Le Loup (2000) ou La Traque (2018). Son langage esthétique est structuré par des motifs graphiques, lignes verticales (rayures, grilles, barreaux, troncs, colonnes…) ou formes courbes (nuages, boules, bulles, astres…) avec lesquels elle joue. Elle s’appuie sur cette trame pour exprimer les émotions qu’elle souhaite faire ressentir au lecteur. Il en résulte des albums simples et profonds, parfois durs, toujours magnifiques, qui parlent de solitudes, de rencontres, de liberté, de deuils parfois, à destination des enfants comme des adultes.
Métamorphoser les contes
Sara sait aussi se mettre au service des auteurs et éclairer leurs mots de ses images. Elle renouvelle en profondeur les textes de fables et de récits poétiques, notamment les Métamorphoses d’Ovide (2007) et les Fables de La Fontaine (2012), qu’elle interprète de ses compositions audacieuses. De même, sa relecture de contes comme Blancheneige (2014) et La Barbe bleue (2016) fait écho à nos problématiques contemporaines.
L’art de raconter des histoires de papier
« Quand on déchire, on pose les formes les unes à côté des autres, on va de page en page, on fait avancer son personnage, et en même temps vient des foules d’émotion, de souvenirs, de sensations, et l’histoire vient en même temps qu’on déchire. »
Cycle des « Visiteurs du soir » (CNLJ), décembre 2009
En dépit des quelques textes, très sobres, qu’elle concède à ses éditeurs, Sara se fait activiste de l’image, s’adressant à la capacité émotive et visuelle du lecteur, cherchant à le rendre auteur de son propre regard. Elle sélectionne ses papiers et conçoit soigneusement ses créations. Jouant avec les textures et les couleurs, elle offre une narration sensible à ses héros humains ou animaux et à leurs relations, avec des albums forts comme Éléphants (2006), Enchaîné (2007) ou La Revanche du clown (2011). Ses mises en page sont remarquablement réfléchies, venant dérouler avec beaucoup de sensibilité l’histoire de bout en bout.
Laisser parler l’imaginaire
Au fil des albums, Sara met en place une forme de grammaire visuelle, réutilisant certains motifs comme autant de mots-clés ouvrant les portes de nos imaginaires. Son vocabulaire de papier est fait de personnages et de lieux récurrents : la femme en rouge et le chien jaune dans Mon chien et moi (1995) ou À quai (2005) ; le chat solitaire de La Nuit sans lune (1994) ou du Chat des collines (1998) ; les forêts dans Le Loup (2000) ou La Traque (2018). Son langage esthétique est structuré par des motifs graphiques, lignes verticales (rayures, grilles, barreaux, troncs, colonnes…) ou formes courbes (nuages, boules, bulles, astres…) avec lesquels elle joue. Elle s’appuie sur cette trame pour exprimer les émotions qu’elle souhaite faire ressentir au lecteur. Il en résulte des albums simples et profonds, parfois durs, toujours magnifiques, qui parlent de solitudes, de rencontres, de liberté, de deuils parfois, à destination des enfants comme des adultes.
Métamorphoser les contes
Sara sait aussi se mettre au service des auteurs et éclairer leurs mots de ses images. Elle renouvelle en profondeur les textes de fables et de récits poétiques, notamment les Métamorphoses d’Ovide (2007) et les Fables de La Fontaine (2012), qu’elle interprète de ses compositions audacieuses. De même, sa relecture de contes comme Blancheneige (2014) et La Barbe bleue (2016) fait écho à nos problématiques contemporaines.

Sara, Le Loup 2000 Sara - Département Littérature et art, BnF
Info+
Commissariat
Corinne Bouquin, Ghislaine Chagrot, Clarisse Gadala
chargées de collections en littérature de jeunesse, Centre national de la littérature pour la jeunesse, département Littérature et art, BnF
BnF I François-Mitterrand
Quai François-Mauriac
Paris XIIIe
galerie des Donateurs
Du mardi au samedi 10h > 19h,
dimanche 13h > 19h
Fermeture lundi et jours fériés
Exposition gratuite
Corinne Bouquin, Ghislaine Chagrot, Clarisse Gadala
chargées de collections en littérature de jeunesse, Centre national de la littérature pour la jeunesse, département Littérature et art, BnF
BnF I François-Mitterrand
Quai François-Mauriac
Paris XIIIe
galerie des Donateurs
Du mardi au samedi 10h > 19h,
dimanche 13h > 19h
Fermeture lundi et jours fériés
Exposition gratuite